LE CAM 45

En attendant leur arrivée demain matin, Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 30e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 31e) s’apprêtent à rencontrer du vent fort puis mollissant. Pour Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor lux), qui pointe à plus de 900 milles à l’Est des Açores, tout reste encore à faire. 

« Pas simple pour les derniers concurrents du Retour à La Base ! » C’est la formule de Christian Dumard, le météorologue de la course, pour évoquer les conditions dans lesquelles évoluent le belge, Denis Van Weynbergh et le chinois Jingkun Xu. Les deux navigateurs progressent dans une mer avec 5 mètres de creux et une trentaine de nœuds de vent de Nord-Ouest. Ce dernier devrait néanmoins mollir jusqu’à l’arrivée, prévue « demain matin ou en fin de nuit ». « L’incertitude est de savoir s’ils vont renvoyer de la toile quand le vent va mollir ou s’ils vont rester sur ce qu’ils ont ».

Derrière, à encore 1900 milles de Lorient, Jean Le Cam a encore du chemin à parcourir. Contrairement au reste de la flotte, partie quelques jours plus tôt, le skipper de Tout Commence en Finistère – Armor lux n’a pas le droit à de longs bords au portant pour rejoindre Lorient.  « Il doit faire face à des grosses transitions avec du vent fort depuis son départ », explique Christian. « Il va devoir passer au Nord de la dépression tropicale qui va se creuser et qui va lui barrer la route ». Tout est plus compliqué en somme et ce n’est pas fini. De péripéties en péripéties, le breton et doyen de la course devrait pointer son étrave entre Groix et Lorient « entre le mardi 19 et le mercredi 20 décembre prochain ».  

Un départ à l’abattée, sans se laisser abattre ! 

Quelques milles avant de franchir l’arrivée, Manuel Cousin a expliqué avoir « fait un vrac monumental ». Il raconte : « on se tirait la bourre avec Guirec (Soudée, Freelance.com), je bricolais à l’intérieur et j’ai pris une rafale à 45 nœuds. Le bateau est parti en survitesse alors que j’avais réduit la toile. Je pense que j’étais à plus de 30 nœuds et je suis parti « à l’abattée ».

« Départ au tas » ou « départ à l’abattée », voilà deux termes synonymes bien redoutés par les marins car ils ne sont en général pas tendre à vivre pour le matériel et l’équipage ! Une grosse rafale de vent, une configuration de voile pas adaptée, une vague pernicieuse qui déséquilibre le tout, et le bateau peut s’emballer, se coucher sur le côté et provoquer un violent empannage sauvage (la bôme et la grand voile passent de l’autre côté soudainement, avec une grande amplitude) emportant ou cassant tout sur son passage, y compris les voiles qui se retrouvent du « mauvais côté ». 

Grâce à la quille (qui fait contre-poids) et en larguant les écoutes pour dégonfler les voiles, le bateau revient (normalement) plus ou moins facilement sur son assiette. Mais quand une petite acrobatie du genre se passe en plein golfe de Gascogne avec 5 mètres de vagues et une trentaine de nœuds, cela peut prendre un peu de temps avant que le bateau ne puisse reprendre sa route ! En somme, une bonne frayeur qui oblige à une sacrée décharge d’énergie !