La course

COURSE TRANSATLANTIQUE
3 500 MILLES EN SOLITAIRE

Après un galop d’essai en 2021 sous la forme d’un rallye en équipage, le Retour à La Base tiendra sa première édition en novembre 2023, relançant la tradition d’une course retour en solitaire pour les IMOCA à l’issue de la Transat Jacques Vabre et offrant au Pays de Lorient sa première course transatlantique !

> Transatlantique en IMOCA, en solitaire
> Départ le 30 novembre 2023 depuis Fort de France - Martinique
> Premières arrivées prévues à partir du 9 décembre à Lorient La Base
> Course sélective et qualificative pour le Vendée Globe 2024-2025

 

PARCOURS RETOUR A LA BASE V2

LE PARCOURS 

L’Atlantique Nord en plein hiver, en solitaire

Dans l’imaginaire collectif des gens de mer, une « transatlantique » est synonyme de ces interminables surfs poussés par les alizés, au milieu d’un océan réchauffé de mille nuances azuréennes à mesure que se rapproche l’arc antillais... Mais associez-la au mot « retour », et, soudain, elle prend une tout autre tournure, et il faut vite renfiler ciré intégral et bottes étanches ! Car parmi les défis sportifs les plus engagés au monde, la traversée de l’Atlantique d'Ouest en Est figure assurément en bonne place, qui plus est quand elle est affrontée en solitaire, et en plein cœur de l’hiver septentrional.

Si la distance affichée entre Fort-de-France (Martinique) et Lorient (Morbihan) est officiellement de 3 463 milles nautiques, les marins savent bien qu’ils devront en parcourir nettement plus pour rallier le Vieux continent. Car à la latitude des Antilles, le vent souffle majoritairement de l'Est vers l’Ouest, et la route directe obligerait les bateaux à lui faire face… et avancer au ralenti !

C’est donc vers le Nord que les bateaux devront mettre le cap, à la recherche de ces systèmes de basse pression connus sous le nom de « dépressions », qui se forment au large de Terre-neuve et viennent s’écraser sur l’Europe chaque hiver, à grand renfort de rafales, de pluies diluviennes, et de houle spectaculaire. Mais leur puissance est aussi imprévisible que redoutable… C’est donc avec une vigilance de tous les instants que s’engageront les intrépides qui attaqueront l’Atlantique à rebrousse-poil !

SUPER-G MARTINIQUAIS

D’entrée de jeu, il faudra être sur le pont. En quittant la magnifique baie de Fort-de-France, les marins en lice sur le Retour à La Base n’auront que peu de temps pour apprécier une dernière fois ces paysages de carte-postale et leur langueur îlienne. Récifs, pointes, mais aussi casiers, filets, dispositif de concentration de poissons (DCP), plaisanciers et pêcheurs… ce slalom nautique n’aura rien à envier au plus périlleux des Super-G !

Pour tirer leur épingle du jeu, il leur faudra également éviter les zones de dévent créées par les reliefs de la terre – la Montagne pelée, point culminant de l’île, affiche tout de même quelque 1397 mètres  - et les redoutables courants. Enfin, une fois le confetti de terre martiniquais dans leur sillage, les IMOCA pourront alors se plonger dans l’immensité du grand bain : l’Atlantique Nord !

LA VIE PENCHÉE

Statistiquement, les marins auront autant de chance de l’éviter que de gagner à un tirage du super loto… Le près, cette allure qui oblige les bateaux à remonter au vent, sera assurément au menu des premiers jours de course. Même en pointant l’étrave vers le Nord, les bateaux devront remonter au vent, et trouver le meilleur compromis entre cap et vitesse. En serrant la brise, ils seront plus lents, mais feront moins de route – en s’en éloignant, ils accéléreront, mais se rapprocheront du continent américain davantage que de l’européen !

Une stratégie qu’il faudra aussi pondérer par la capacité du marin à subir l’inconfort du bord. Car pour imaginer ces premières centaines de milles, il faut se figurer ce qu’est la vie penchée à au moins 25 degrés, sur des bateaux de carbone lancés à pleine vitesse contre les vagues, dans un mouvement de bascule aussi laborieux pour le marin que pour sa monture. Le fracas permanent le dispute à l’humidité ambiante ! Pour s’amariner et entrer dans la course, on a connu mieux... Tous seront donc sur le qui-vive pour déterminer le meilleur moment ou mettre enfin le clignotant vers l’Est, en route directe vers Lorient, ou presque…

« LATITUDE DES CHEVAUX »

Si au bout de quelques jours de course, les chevaux seront assurément lâchés, c’est aussi le moment où les coureurs s’attaqueront à la latitude du même nom ! Cette zone subtropicale, située entre 30 et 35 degrés au nord de l’équateur, est une curiosité météorologique dont se passeraient bien les marins. Caractérisée par des anticyclones dynamiques semi-permanents, appelés aussi crête subtropicale, elle entraîne souvent de longues périodes de vent faible, voire même une immobilité complète…

Historiquement, elle aurait été baptisée « latitude des chevaux » au XVIe siècle par les marins espagnols, qui transportaient des chevaux vers et depuis les Antilles. Surpris par cette imprévisible pétole, « ils jetaient là les chevaux à la mer, en temps d’orage pour s’alléger, en temps de calme pour économiser la provision d’eau », écrit Victor Hugo, dans Les Travailleurs de la mer (1866). Rien de tel au programme pour les travailleurs du Retour à La Base, qui devront néanmoins s’armer de patience pour dépasser cette zone de transition, aussi appelée « calme du Cancer ».

LE TRAIN DES DEPRESSIONS

Une fois la zone de calme dépassée, les passagers du vent s’engageront dans un tout autre voyage. Nulle gare pour embarquer, mais le train des dépressions de l’Atlantique Nord, lui, est souvent à l’heure, et nos marins du Retour à La Base seront ravis d’y prendre place… Et pour cause ! Enfin, le vent basculera en leur faveur, et les poussera en direction de La Base – les tourbillons dépressionnaires évoluant en sens antihoraire dans l’hémisphère Nord.

Encore faut-il que ce vent portant ne soit pas trop puissant ! « Souvent, les routages font monter très Nord pour tirer profit de ces vents forts, mais les logiciels ne prennent pas en compte l’état de la mer, et la capacité des bateaux à l’encaisser, précise Hubert Lemonnier, directeur de course du Retour à La Base. En hiver, les dépressions qui se creusent peuvent être particulièrement instables et violentes. Si la sécurité des marins est menacée, toutes les solutions sont envisageables du côté de la direction de course, notamment de placer des marques de parcours obligatoires pour empêcher les bateaux d’aller trop au Nord. »

L’ANTICYCLONE DES ACORES EN TROUBLE-FÊTE

La grande cavalcade atlantique achevée à un rythme soutenu, le parcours se voit pimenter d’un nouveau piège : l’approche de l’archipel des Açores, et avec lui, l’anticyclone éponyme ! La présence ou non de ce dernier, plus ou moins stationnaire, peut engluer les bateaux plusieurs jours durant dans les petits airs. Si cette étape est moins risquée pour la sécurité des marins, elle peut être tout aussi difficile à gérer pour leurs nerfs, mis à rude épreuve dans ces conditions d’interminable attente du moindre souffle…

Cette région marque aussi l’entrée dans les routes des mammifères marins, et des zones de vigilance seront régulièrement communiquées aux concurrents, afin d’éviter les risques de collision.

LE GOLFE DE GASCOGNE EN BOSS FINAL

Après s’être extirpés du traquenard açorien, les marins engagés sur cette première édition du Route à La Base ne seront pas tout à fait au bout de leurs efforts. Car suivant la météo du moment, ils pourraient bien avoir à affronter une dernière difficulté majeure de ce parcours : le golfe de Gascogne, réputé parmi les zones les plus difficiles au monde où naviguer en hiver. « Ce n’est pas les mers du Sud, mais ça peut être au moins à la hauteur du cap Horn ! », rappelle Hubert Lemonnier.

Avec la remontée rapide des fonds sur le plateau continental, la houle qui se lève dans le golfe peut en effet être vite dantesque. La proximité des côtes, espagnole puis française, favorise aussi la naissance de violents orages, autant pourvoyeurs de grosses rafales que de sueurs froides pour les marins qui rêveront de s’en extirper au plus vite.

Alors, tous ne rêveront que de voir se rapprocher la péninsule armoricaine, éternel amer des navigateurs au long cours. Enfin, ce sera l’entrée dans la rade de Lorient, devenue ces dix dernières années la Mecque de la course au large, et qui donnera aux navigateurs du Retour à La Base un accueil populaire au moins aussi intense que le parcours qu’ils viendront d’achever !