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Alors que le dénouement de la course est attendu ce samedi, la bataille continue de faire rage, partout, dans toute la flotte ! Entre les trois premiers (Yoann Richomme, Jérémie Beyou, Sam Goodchild), le groupe de poursuivants ou la flotte des bateaux à dérive, tous s’emploient à optimiser sa vitesse et sa trajectoire, et s’activent sans relâche pour passer le concurrent de devant. Une mission de chaque instant pour les hommes et femmes, comme pour les machines, où personne ne se ménage malgré la fatigue, l’usure et la répétition des efforts.

La course à la victoire

Cela fait désormais quatre jours que Yoann Richomme (Paprec Arkéa), Jérémie Beyou (Charal) et Sam Goodchild (For The Planet) animent le haut du classement et s’échangent les places du podium. Depuis hier soir, les trois leaders ont même eu l’occasion d’asseoir encore un peu plus leur domination, en profitant de la dorsale qui a piégé leurs poursuivants les plus proches pour creuser l’écart et fausser compagnie au reste de la flotte. Plus de 170 milles les séparent désormais de Boris Hermann (Malizia – Seaexplorer), 4e. Un tour de force pour le trio qui nous livre une joute d’exception, à un rythme infernal. 

En tête depuis son option Nord du 4 décembre, Yoann Richomme impressionne, sans pour autant étonner, sur sa première transatlantique en solitaire à bord de Paprec Arkéa. « On s’est détachés parce que la dorsale arrive par l’arrière de la flotte et elle a encalminé le groupe de Nico (Lunven) et Sam (Davies) », décrypte ce dernier. « On savait qu’il fallait aller vite pour éviter de se faire piéger par la dorsale, abonde Jérémie Beyou (Charal). Il était primordial de pouvoir mettre du rythme et d’éviter la pétole » Et Yoann de compléter, un brin prédicateur : « Les prochains à tomber dedans pourraient être Sam Goodchild et Jérémie Beyou ». De quoi donner encore un peu plus l’avantage à l’actuel leader, pour qui la zone de molle devrait être moins prégnante dans les prochaines heures ? Sam Goodchild, lui, est plus optimiste : « Pour l’instant nous avons réussi à rester devant la dorsale et j’espère que ça va continuer comme ça ! »

Quoi qu’il en soit, Yoann Richomme s’est réjoui « d’avoir la même configuration de voile depuis cinq jours », de « ne pas avoir beaucoup à faire en matière de bricolage » et d’être assez reposé avant d’attaquer la dernière ligne droite. Un premier avantage certain, quand on sait Jérémie Beyou fortement handicapé par des soucis techniques depuis le départ de la course. Celui qui évolue en effet sans J2 ni pilote automatique, admet déjà que « ce sera compliqué de converser ce rythme physiquement avec la dépression qui devrait nous toucher prochainement ». 

Top 5 et Top 10 sur le fil

Une dépression qui devrait également toucher le groupe juste derrière, où la bataille sévit tout autant et tout aussi fermement pour les places d’honneur. Les foilers qui occupent les places jusqu’au 9e rang comptent bien ne rien lâcher de leur position au sein d’un Top 10 particulièrement relevé. Parmi eux, les très expérimentés Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer, 4e), Sam Davies (Initiatives Cœur, 7e) ou encore Damien Seguin (Groupe APICIL, 6e) tandis qu’on retrouve le non moins chevronné - mais moins aguerri au solitaire - Nicolas Lunven (Holcim – PRB), qui découvre son bateau et pointe, non sans talent, à une très belle 5e place. Sans oublier Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), qui livrait lui aussi une honorable copie avant de devoir faire route vers l’île Flores aux Açores, en fin de nuit dernière. En cause, des problèmes d’énergie à bord. « Il est privé de pilote automatique, d’ordinateur, de données météo et de position, de lumière, ainsi que d’eau potable via son dessalinisateur », indiquait son équipe. Sur le front de la course, Louis Burton, lui, tente une route très Nord, à plus d’une centaine de milles de ses concurrents directs. « C’est un choix très audacieux de sa part mais ça peut lui permettre de grappiller certaines places », assure Christian Dumard, le météorologue de la course.

La course aux places d’honneur

Encore un peu plus derrière, ça ne ressemble toujours pas à un convoyage retour non plus, direction les Fêtes de fin d’année. Ça se tire la bourre de partout, pas un seul concurrent ne tentant pas de prendre le meilleur sur ses compagnons de route. Isabelle Joschke (MACSF) et Romain Attanasio(Fortinet-Best Western) se battent sans relâche pour la 10e place, revenant à l’un(e) puis à l’autre au gré des classements. « Je m’en veux d’avoir enlevé mon petit gennaker avec lequel tout allait bien pour mettre un J0 », confiait d’ailleurs Romain, relégué d’un rang au classement de 17h, qui ne s’avoue pas battu pour autant. Même esprit combatif chez Thomas Ruyant (For People, 12e) qui, malgré ses galères qui l’obligent à naviguer à plat et sans grand voile, répète à l’envi « vouloir terminer en mode course ». Côté bateaux à dérive, Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a Job, 15e) progresse à proximité de Pip Hare (Medallia, 14e) et domine le « match dans le match » des non-foilers. Une catégorie où Violette Dorange (DeVenir, 20e) tient la dragée haute, elle qui dispute sa première transatlantique en solitaire à bord d’un IMOCA, à 22 ans seulement. Pourtant, elle aussi a vécu « une nuit horrible » : petites galères techniques, départ au tas « monstrueux », problème de pilote automatique, d’électronique… « Je vais temporiser un peu parce qu’il faut que je récupère niveau fatigue », expliquait-elle dans une vidéo ce matin. Aux prises avec trois autres bateaux évoluant dans un rayon de 80 milles (Kojiro Shiraishi sur DMG MORI Global One, 17e, Louis Duc à bord de Fives Group – Lantana Environnement, 19e, et Arnaud Boissières sur La Mie Câline, 18e), la benjamine semble résister à tout, même aux assauts les plus mordants. « On se tire la bourre et on ne lâche rien », assène ainsi ‘Cali’ pour qui « le moral est bon » malgré une nuit sans beaucoup dormir. À la lutte avec Guirec Soudée (Freelance.com) et Manu Cousin (Coup de pouce - Giffard Manutention), Sébastien Marsset (FOUSSIER – Mon Courtier Énergie) s’est quant à lui endormi « en oubliant de mettre les alarmes ». « J’ai dû dormir au moins deux heures d’affilée… Pour une nuit de marin, c’est assez long ! » confessait-il alors qu’il avait pourtant regagné du terrain.  

De la tête de flotte aux retardataires, une même impression finalement se dégage : une sacrée envie et une bonne dose d’engagement dans tous les coeurs, la vie est plus belle le pied sur l’accélérateur ! Et les skippers comptent bien faire preuve de cette ardeur jusqu’au bout, Lorient La Base dans le viseur, avant de profiter, enfin, de fêtes bien méritées au moment des arrivées… qui risquent bien de s’enchaîner !