Le Retour à La Base vous remercie…
Il y a quelque chose d’ingrat dans le sport, qui fait que souvent, seuls les premiers ont le privilège de capter la lumière et l’attention. Tous ceux derrière n’ont pourtant pas démérité, bien au contraire ! Certes, ils n’ont pas la gloire d’être les plus véloces, mais c’est souvent signe qu’ils ont dû surmonter quelques difficultés, gérer les tracas, s’adapter à la réalité qui fait que la partition se joue rarement sans fausse note. Et surtout, c’est bien eux qui, au final, auront passé le plus de temps en mer !
Sur cette première édition du Retour à La Base, dernière course d’une saison 2023 éminemment chargée, c’est ce qu’il nous tenait à cœur de rappeler. De veiller à mettre en lumière chaque marin et chaque traversée. Que du premier au dernier, ils aient la certitude d’avoir été suivis, veillés, encouragés. Que l’exploit qu’ils viennent tous de réaliser – pas un bateau resté sur le carreau, nous sommes très fiers de cette statistique ! – n’est, en aucun cas, passé inaperçu !
Des artistes qui s’ignorent… ou se révèlent !
À notre échelle, humblement, nous avons tâché de relayer au plus près leur aventure à tous. Car ne l’oublions pas, derrière chaque marin, il y a un auteur, vidéaste, photographe, artiste qui s’ignore, ou du moins se révèle ! Avant le départ, nous, organisateurs de la course, n’avions pas voulu leur demander de « quotas » d’envois de nouvelles, par jour ou par semaine. Nous savions qu’ils avaient fort à faire sur ce retour en solitaire, et nous ne voulions pas que « la communication » soit une contrainte qui pèse sur leurs épaules déjà bien chargées !
Pourtant, ils nous ont surpris, gâtés, régalés. Débordés même, souvent ! Chaque jour, nous nous sommes retrouvés submergés de petits mots à la plume incisive, drôle, inquiète, poétique. De messages sur notre « Répondeur du Retour à La Base » pour donner des nouvelles comme ils l’auraient fait à un membre de leur famille un peu inquiet. De vidéos spontanées, parfois quelques secondes seulement quand le sillage tendu au milieu de la grosse houle de l’Atlantique n’a besoin de nul commentaire. D’autres plus longues où la caméra est un témoin privilégié de leurs petits et gros chagrins ou de leurs moments de « kif » ultime.
Qu’on se sent chanceux dans ces moments-là, qu’ils prennent le temps de nous partager tout ça ! Bien sûr, vous pourrez nous répondre : cela fait partie de leur métier, ils ont tous des partenaires qui financent leur projet en contrepartie aussi de ces petits moments de vie. Mais avouez qu’on est bien loin du spot de publicité figé, avec un discours appris par cœur et sagement récité ! Au milieu de l’Atlantique Nord, impossible de simuler. Pas de place pour la mise en scène ou de faux-semblants par 40 nœuds de vent ! Et c’est ce qu’on aime tant dans ce sport si particulier qu’est la course au large qui, par la durée et l’intensité de ses épreuves, oblige à développer tant de ressources intérieures, et à se livrer sans fard. Et que ça fait du bien, à une époque où l’artifice règne en maître !
Leurs leçons
À l’heure donc où tous nos marins sont rentrés au port, nous voulions les remercier à nouveau. Leur dire qu’on a bien retenu leurs (nombreuses) leçons. Que parfois, comme dit Tanguy Le Turquais (Lazare), « on pouvait gagner sans arriver premier ! » Que cela ne retire en rien à la grandeur de la course de notre magnifique vainqueur, Yoann Richomme (Paprec Arkéa), qui a survolé l’Atlantique Nord en 9 jours et 3 minutes, tout pile. Avec une arrivée parfaite dans le soleil couchant de Lorient, mention spéciale des photographes, vidéastes et “liveurs” pour cette charmante attention ! Mais que nous sommes tout aussi heureux d’avoir pu immortaliser toutes leurs arrivées, même sous la pluie ou de nuit, et les accueillir sur les pontons de Lorient avec toute la chaleur que nous permettait cette fin d’automne bretonne.
Soyons honnêtes, avant le départ de Fort-de-France, certains montraient quelques signes de réticence. Repartir si vite après la Transat Jacques Vabre, en solo qui plus est, dans l’Atlantique Nord en plein mois de décembre, était-ce vraiment sérieux ? À l’arrivée, nous gardons le retour si précieux de tous nos marins : celui d’un avant-goût parfait du Vendée Globe, d’un retour au solitaire qui donne le ton et l’envie pour 2024… Oui, c’était dur, mais c’est parce que c’était dur que ça les a obligés à s’élever au meilleur d’eux-mêmes.
À vous qui avez lu et suivi cette course, un immense merci. Notre petite équipe, dont c’était aussi une première ensemble, espère en chemin vous avoir appris quelques petites choses, procuré deux-trois émotions, et surtout vous avoir fait découvrir de grands sportifs ! À Lorient, ville d’hommes et d’histoire s’il en est, c’était pour nous le plus important. Si vous le pouvez, prenez le temps d’aller vous intéresser à eux, à ceux qui vous ont surpris, touchés, impressionnés. Derrière chaque sillage, il y a un projet, des équipes, des histoires qui ont besoin de soutien et d’encouragements. C’est grâce à cet élan que demain, nous aurons d’aussi belles courses, et surtout, d’aussi beaux marins… Et nous, toujours autant d’histoires à raconter !
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