Lorient La Base : naissance d’un pôle nautique
Riche en histoire et en traditions maritimes, Lorient La Base entretient un lien fort avec la mer depuis sa création au XVIe siècle sous Louis XIV. En 1666, la ville de Lorient est en effet fondée pour devenir le siège de la Compagnie des Indes avant de traverser les époques et devenir, depuis les années 2000, l’épicentre de la course au large française et européenne, ainsi que l’un des sites touristiques emblématiques de la ville.
C’est à la Compagnie des Indes orientales que la ville de Lorient, dans le Morbihan, doit son nom. En concurrence avec les Pays-Bas dans leur commerce avec les Indes, la compagnie marchande créée par Colbert en 1664 s’installe dès 1666 à Port-Louis, afin d’être plus proche du point de départ de ses bateaux. Face à la ville et à sa citadelle, les chantiers navals de la société sont construits avec un premier navire bâti en ces lieux : le Soleil d’Orient, dont les habitants de la région ne garderont que le diminutif, L’Orient, pour nommer tant le chantier que la ville naissante qui l’entoure. La ville de Lorient est née. Au cours du XVIIIe siècle, la ville prospère et se transforme en base navale tandis que le commerce privé se développe, faisant de la ville un point stratégique de départs et retours de tous les navires de la Compagnie chargés de marchandise (épices, thé, café, cotonnades, porcelaines de Chine…). La Révolution française et les guerres contre le Royaume-Uni qui suivent mettent fin aux activités commerciales à Lorient pour près de deux décennies, la construction maritime pour le compte de la République prenant le relais des activités de la ville entre 1793 et 1815. Les activités maritimes de la ville déclinent de nouveau au début du XIXe siècle et Lorient se tourne alors vers des activités administratives.
La ville, son arsenal et sa rade se modernisent dans le deuxième quart du XIXe siècle et Lorient redevient peu à peu un port militaire en parallèle d’une activité commerciale avec le Pays de Galles. Un commerce qui s’effondre cependant vers la fin des années 20, époque à laquelle la ville doit se tourner vers les exportations sardinières. C’est le début des grandes premières heures de la pêche avec la création de la criée municipale en 1889. Dès 1909, le trafic lorientais égale celui des trois ports de Douarnenez, Pont-l'Abbé et Concarneau réunis, mais son développement connaît un coup d'arrêt lors de la Première Guerre mondiale avec la réquisition des chalutiers par l’armée. En 1920, la pointe de Keroman, à l'embouchure du Ter, est choisie pour construire un port de pêche aux infrastructures modernes telles un bassin à marée, 1 800 mètres de quais, une criée, un appontement charbonnier et une usine à glace, permettant aux chalutiers de conserver leurs pêches fraîches plus longtemps et d’étendre leur zone de commercialisation.
Les bunkers et le Flore, souvenirs de guerres
Ce bout de terre a également été témoin de tragédies marquantes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la région alors sous Occupation, Lorient devient une base au coeur du conflit pour la marine de guerre allemande, la Kriegsmarine. Afin de renforcer leur position stratégique, les Allemands entreprennent la construction, en à peine 3 ans, de BUNKERS massifs qui serviront à abriter leurs sous-marins (les U-Boote) pendant la bataille de l’Atlantique, et de fortifications le long de la côte. Réputée indestructible, cette base vaudra à Lorient d'être soumise à d'intenses bombardements par les aviations britannique et américaine, qui transformeront la ville en champ de ruines en 1943.
Dès la Libération en 1945, la Marine française décide d’utiliser la Base de Keroman pour ses propres sous-marins. Le site prend à cette époque le nom de « base du Général Jacques Stosskopf », en hommage au résistant alsacien qui a renseigné la Résistance tout au long de la guerre. Jusqu’en février 1997, ce sont plus de 1 800 agents militaires et civils qui seront présents pour réparer et ravitailler les escadrilles de sous-marins, dont Le FLORE (S 645). Vestige de la Guerre Froide, ce submersible de 58 mètres de long sur 7 mètres de large et 5 mètres de haut est d’ailleurs aujourd’hui exposé à Lorient La Base. Mis à flot le 21 décembre 1960, armé en 1962, et enfin admis au service actif le 21 mai 1964 jusqu’en 1989, ce dernier permettait une immersion courante à 300 mètres. Selon les spécialistes, le Flore serait si bien préservé qu’il serait resté presque opérationnel, bien qu’il a parcouru 320 854,6 miles nautiques, soit 15 fois le tour de la Terre !
Un million de mètres cubes de béton en reconversion
C’est en 1997 que les force sous-marines cessent définitivement toute activité à la Base des sous-marins de Keroman. Lorient Agglomération saisit alors l'opportunité pour reconvertir le site qui, rebaptisé « Lorient La Base », devient un très important pôle économique, historique, touristique et nautique. Réadaptés de manière ingénieuse, les bunkers servent à présent l'industrie du nautisme. D’autres bâtiments et pièces historiques viennent se greffer au site, en faisant ainsi un lieu unique et incontournable, pour les gens de passage comme pour les locaux. C’est le cas de la Cité de la Voile Éric Tabarly, qui s’impose comme point central de Lorient La Base, où la voile se découvre de façon ludique, au travers d'un bassin de navigation à voiliers radio-commandés, un cinéma dynamique 4D, un espace course Virtual Regatta et des simulateurs de navigation.
Reconnue à l’international comme l’un des plus grands pôles de course au large, La Base accueille également régulièrement des événements de voile, attirant marins et passionnés du monde entier. L'ensemble de l'écosystème de la voile devient ainsi une partie intégrante de l'activité de la ville, épicentre de la Sailing Valley, et regroupe tant d’infrastructures de pointe, que d’entreprises spécialisées, mais aussi d’équipes professionnelles et amatrices ayant décidé d’y élire domicile dans le but de développer leur projet. En 2015, l’ensemble comptait environ 90 % des activités liées au nautisme en France, concentrée dans 110 entreprises et comptant 1 500 emplois.
De son origine en tant que port militaire à sa transformation en grand pôle de course au large, Lorient La Base aura su tirer parti de son héritage maritime pour devenir un lieu d'excellence dans le domaine de la voile. Entre passion et expertise, La Base incarne désormais un lieu incontournable pour les marins et les amoureux de la voile du monde entier.