Météo : ça va décoiffer !
C’est fini le temps des brushings à l’eau salée, les bonnets font progressivement leur apparition sur la tête des marins du Retour à La Base, qui mettent de plus en plus de Nord dans leur trajectoire pour gagner Lorient. Et il leur faudra redoubler de prudence ce vendredi 8 décembre, car cette remontée se fera à la sueur d’un nouveau front !
Désormais disséminé en un chapelet étalé sur plus de 1 000 milles, le gros de la flotte du Retour à La Base connaît des conditions bien variées, mais sera touché à un certain moment de la journée par un même phénomène météorologique : le fameux front venu de la côte Est des Etats-Unis.
Pour le trio de leaders, composé de Yoann Richomme (Paprec Arkéa), Jérémie Beyou (Charal) et Sam Goodchild (For The Planet), placés en avant du front, la journée s’annonce encore sportive. « Ils doivent avoir du vent fort, et pas mal de pluie déjà », analyse le météorologue Christian Dumard qui voit toujours une arrivée du premier à Lorient La Base en fin d’après-midi, samedi 9 décembre.
Toujours bien décalé au Nord de la flotte, c’est Louis Burton (Bureau Vallée) qui sera le plus exposé. « Il tient bien, il est toujours à 20 nœuds, ça montre toute son expérience des conditions bien musclées comme il a déjà pu le démontrer sur le dernier Vendée Globe », souligne Christian Dumard. S’il poursuit ce rythme, il connaîtra les plus grosses conditions ce soir vers 20 heures, avec des rafales à 50 nœuds attendus et plus de 5 mètres de vagues.
Plus au Sud, le groupe formé autour d’Isabelle Joschke (MACSF) devrait être un peu moins touché, avec une trentaine de nœuds établis et 45 en rafale. Pour Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), en escale technique dans l’archipel des Açores suite à un black-out électronique, c’est à la mi-journée qu’il devra particulièrement bien sécuriser sa monture pour éviter des dégâts collatéraux !
Enfin, Tanguy Le Turquais (Lazare) et ses comparses d’aventure devraient quant à eux être concernés plus tôt dans l’après-midi, mais avec moins d’intensité et de mer. Ils pourraient tout de même essuyer eux aussi certaines rafales à 45 nœuds, ce qui n’en fera pas une partie de plaisir avec, en plus, quelques manœuvres à prévoir. « Il faudra sûrement qu’ils empannent à un moment pour ne pas terminer dans l’anticyclone », souligne en outre Christian Dumard.
A 2500 milles derrière, Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-lux) continue son ascension vers le Nord dans un alizé pas très établi. C’est justement le prolongement de ce même front touchant le reste de la flotte qui, de son côté de l’Atlantique, crée une jolie zone de perturbations, avec son lot de pluie et de molles éparses. On vous le dit, ils sont décidément tous dans le même bateau aujourd’hui !
Pour ceux qui ne suivent que la météo d’Évelyne Dhéliat
Que scrute la Direction de course du Retour à La Base chaque jour ? Les noyaux. Car les dépressions qui se forment dans l’Hémisphère Nord et qui tournent dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, présentent en leur sein une potentielle petite bombe de vent et de vagues ! C’est donc leur évolution et surtout leur déplacement qui est regardé de près par le météorologue de la course.
Ainsi, la dépression secondaire qui va se creuser demain, avec, dans son noyau, des vents à 70 nœuds en rafale, est déjà dans toutes les pensées. « Il faut bien la surveiller, mais pour l’heure elle est décalée au Nord et ne devrait donc pas toucher la flotte », souligne, non sans soulagement, Christian Dumard.