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Comme prévu, les compteurs s’affolent en ce début de semaine sur l’Atlantique nord ! La tête de flotte du Retour à La Base ayant contourné l’anticyclone, les leaders se retrouvent dorénavant propulsés par les dépressions en provenance du Nord-Ouest et plusieurs skippers, dont le nouveau leader, Yoann Richomme (Paprec Arkéa), menacent déjà le record de milles parcourus en l’espace de 24 heures en solitaire ! 

La sacrée course de vitesse qu’ils avaient tous prédite a bel et bien lieu. Bénéficiant désormais des dépressions venues de la côte américaine, les skippers ont en effet appuyé sur l’accélérateur, les compteurs s’affolant à plus de 20 nœuds de moyenne. Dans la nuit, Yoann Richomme(Paprec Arkéa), nouveau leader, n’était pas loin de réaliser une double performance. Nouveau leader ce matin, le skipper de Paprec Arkéa a effet bien failli faire tomber le record de distance parcourue en solo, établi en 2017 par Alex Thomson (Hugo Boss) avec 536,81 milles parcourus, en dépassant les 520 milles* dans la nuit ! « Ce n’est pas impossible qu’ils améliorent encore ces chiffres et battent le record dans la journée », souligne Christian Dumard, le météorologue de la course.  

« Ils évoluent en mode prudent » 

Au delà de cette course de vitesse, un autre avantage se présente ce lundi matin à la flotte : un long bord de portant qui devrait permettre aux skippers de se reposer un peu plus. « La flotte est globalement très fatiguée du début de course et de 48 premières heures particulièrement toniques, relève Hubert Lemonnier, Directeur de course. Là, ils devraient pouvoir se reposer un peu plus ».  

Ce bord de vent arrière devrait accompagner la flotte jusqu’aux Açores, sans qu’aucun marin n’ait à monter plus au Nord pour aller chercher du vent plus fort. Aucun ne s’aventurerait donc à suivre ce qu’affichent certains routages, qui désignent une route certes optimale, mais sans prendre en compte certains paramètres difficiles à appréhender dans “la vie réelle”. « On sent qu’ils évoluent en mode prudent », note Christian Dumard, alors que rester plus au Sud semble faire l’unanimité pour la 2e partie de flotte. Ces IMOCA, dont une grande partie de bateaux à dérives, devraient en effet être aux prises avec une dépression secondaire qui se creusera en fin de semaine prochaine et qui pourrait entraîner un état de mer particulièrement conséquent. « Ce serait dangereux d’aller trop au Nord et de se retrouver trop proche de la dépression, poursuit Dumard. C’est pour cela qu’ils devraient rester en bordure de ce système. »

Pourquoi diable ne faut-il pas aller trop au Nord ? 

Les skippers sont actuellement lancés dans un couloir entre anticyclone et dépressions. Alors que ces dernières poussent les bateaux par vent arrière et de travers, leur permettant d’accélérer la cadence, on peut légitimement penser que plus on se rapproche du Nord, plus les conditions seront fortes et donc que les bateaux iront toujours plus vite. Mais cela n’est en réalité pas si simple. Se rapprocher du Nord, c’est aussi se confronter à une mer beaucoup plus formée et agitée : dans la dépression secondaire évoquée par Christian Dumard, les creux pourraient atteindre plus de 9 mètres de dénivelé. Des conditions particulièrement éprouvantes pour les bateaux et les marins. D’autant que les IMOCA, monocoques de course les plus puissants en solitaire, n’ont pas besoin de se confronter à des conditions extrêmes pour tirer leur plein potentiel technique. Se rapprocher des 20 nœuds de vent, comme c’est le cas actuellement pour la tête de flotte, est amplement suffisant pour se rapprocher des vitesses moyennes les plus élevées. 

 


* Le record de distance en 24 heures est calculé selon le nombre de milles parcourus sur l’orthodromie (route théorique).