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Enfin, voilà l’ultime cavalier de cette chevauchée atlantique qui déboule au paddock ! Parti le 6 décembre de la baie de Fort-de-France suite à un retard pris lors de son convoyage aller, Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-lux) est attendu dans la soirée de lundi 18 décembre à Lorient.

Le plus dur est derrière lui, et de loin ! Désormais lancé à pleine vitesse dans un flux de 15 à 18 nœuds de Sud-Ouest, le skipper finistérien devrait achever son Retour à La Base dans ce même régime, avec un vent toutefois mollissant en fin de journée qui pourrait rallonger un peu les dernières heures de navigation. Pour le météorologue et fin pronostiqueur Christian Dumard, « il devrait se maintenir dans un vent de 11-15 nœuds, ce qui permettrait une arrivée entre 21 heures et minuit » ce lundi 18 décembre.

Si la fin de parcours du doyen de la course s’avère moins agitée que pour ses prédécesseurs, obligés pour la plupart d’affronter le golfe de Gascogne dans des conditions musclées, son positionnement très Nord s’explique par les difficultés rencontrées auparavant sur sa route. « Il a dû être très Nord, à la limite de la porte K3 pour passer au-dessus d’un système dépressionnaire, et il a eu du vent fort au niveau des Açores », confirme Christian Dumard, avec des rafales à plus de 40 nœuds.

Une manière certes un peu brutale, mais très efficace, de tester ce tout nouveau compagnon de jeu, mis à l’eau fin septembre. Sa particularité ? « Tout Commence en Finistère – Armor-lux) est un bateau neuf, mais… sans foils ! Fort de sa longue expérience, Jean Le Cam a en effet fait le pari de ce nouvel IMOCA à dérives droites, de forme « scow ». Un parfait compromis, selon le skipper, qui souhaitait une monture « facile d’utilisation pour naviguer plus. » » En bouclant sa course en un peu plus de 12 jours, Jean Le Cam a pu donner un petit aperçu du potentiel de cette nouvelle monture, sachant qu’il a navigué dans des schémas météorologiques moins favorables que ses concurrents. A titre de comparaison, le premier IMOCA à dérives droites, Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo For a Job), a achevé sa traversée en 11 jours, sept heures et trente-quatre minutes. Il va donc falloir un peu cravacher à l’avenir pour rattraper ce « poulain » de Port-la-Forêt !

Si vous n’avez pas lu « l’architecture navale pour les nuls »…

C’est une petite révolution de la course au large qui a pointé le bout de son nez voilà maintenant une quinzaine d’années… Les « scows », ce sont ces bateaux aux étraves extrêmement larges, dont l’esthétique a longtemps été moquée ! Mais les résultats, eux, ont vite fait taire les plus médisants…

Très populaire au début du XXe siècle sur les grands lacs américains, cette forme de carène très élargie à l’avant a été remise au goût du jour – et de la course au large – par l’architecte David Raison, vainqueur de la Mini Transat 2011 avec un prototype auto-construit qui reprenait ce principe. L’avantage ? Cette forme de « nez » très arrondie permet d’augmenter la largeur et donc la puissance des bateaux, ce qui permet de porter plus de toile, sans avoir plus de gite.

Popularisée en Mini 6,50, cette forme d’étrave a également conquis toute la Class40, et commence désormais à déferler en IMOCA. Mais les différences de vitesse constatées dans les autres classes ne se comparent tout de même pas à celles apportées par les foils sur les monocoques de 60 pieds… à moins que ceux-ci ne viennent à casser ! C’est tout l’objet du pari de Jean Le Cam, et de son sister-ship skippé par Eric Bellion (Stand As One), qui font le pari d’un bateau « plus simple ». « Je ne dis pas qu’on va faire aussi bien ou mieux mais ce sont des projets plus accessibles, qui font moins peur que des bateaux plus compliqués comme les foileurs », expliquait le Finistérien de 64 ans. Premiers éléments de réponse sur ce Retour à La Base, mais surtout sur la saison 2024, quand la machine sera pleinement fiabilisée !