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Ils sont en plein dedans ! Dans quoi ? Le front, pardi ! Les images satellites parlent d’elles-mêmes, avec cette belle bande nuageuse qui s’étend sur l’ensemble de la flotte, en ce mercredi 6 décembre, et leur apporte grisaille et vélocité.

Carto mieux

On espère que les marins du Retour à La Base ont pleinement profité du ciel bleu, car ils risquent de ne pas le revoir aujourd’hui ! Depuis cette nuit, la flotte fait front, littéralement. Les conditions météorologiques se sont encore musclées, avec des rafales fortes et 3 mètres de creux en moyenne. 

Placés en avant du front, les IMOCA devraient être ainsi sportivement poussées toute la journée pour atteindre le Sud des Açores, demain matin pour le leader Yoann Richomme (Paprec Arkéa), avec le passage de la première porte fixée par la Direction de course. A intervalles réguliers, nous assistons à des recalages au Nord – parfois en plusieurs fois, façon escalier de meunier, parfois en une seule fois pour éviter la multiplication des manœuvres – pour s’assurer de rester toujours dans le bon couloir de vent, tout en dosant la prise de risque.

Prime aux premiers

Car dans ce grand jeu d’échec bien dopé à l’adrénaline, il faut toujours anticiper le coup d’après ! Et celui-ci ressemble déjà à une grosse bulle déventée, qui se formera à l’arrière du front et risque de rattraper les retardataires. S’ils ne parviennent pas à tenir la cadence, ou sont positionnés un peu trop au Sud, les oiseaux du large risquent de se voir couper les ailes… Et donner lieu à un scénario « où les écarts vont se creuser par devant, avec une prime pour les premiers », pronostique le météorologue Christian Dumard.  En d’autres termes, Yoann Richomme risque encore de s’enrichir, d’autant que la voie est relativement libre ensuite, avec un passage du Cap Finisterre engagé, mais maniable « avec 4,5 mètres de vague attendus ». 

A ce petit jeu d’anticipation, trois bateaux ont pris ces dernières heures une option plus engagée, en grimpant au Nord de la flotte : Louis Burton (Bureau Vallée), Isabelle Joschke (MACSF) et Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence). Si leur intention d’éviter la zone de molle demain est claire, il ne faudrait toutefois pas qu’ils rencontrent des problèmes qui les obligent à ralentir, car ils risqueraient de se faire cueillir par le front suivant, avec un placement plus risqué. « Ça peut être un peu plus compliqué pour eux en cas de casse, mais ce sont des bateaux qui sont faits pour ces conditions », relativise toutefois Christian Dumard. 

Si vous avez séché le cours de météo du professeur Dumard

Vous êtes mignon avec vos fronts, mais de quoi on parle au juste ? Pour imaginer ce que vivent les marins du Retour à La Base, il faut se figurer une sorte de rouleau puissant qui arrive sur eux et leur roule dessus ! Le front froid tel qu’ils l’expérimentent actuellement se développe entre une zone de haute et de basse pression. Cette différence de pression provoque un déplacement : l’air froid remplace l’air chaud en le repoussant ou en le forçant à s’élever. Avec à la clé, des nuages sombres et bas accompagnés d’un vent rafaleux, et bien souvent son lot de précipitations ! Réjouissant, non ?