RLB23 CacaoBags 2611AB0206 copie

 

Ce seront des tablettes de chocolat qui auront sûrement vécu plus d’aventures que vous ! Soucieux d’inscrire ce Retour à La Base dans une démarche écologique et responsable, les organisateurs de l’événement lancent, en partenariat avec l’entreprise Belco, une initiative inédite pour accompagner la transition vers un transport de marchandises décarboné. Chacun des 39 IMOCA à prendre le départ sera en effet chargé d’un sac de 20 kilos de fèves de cacao martiniquaises, qui seront transformées à l’arrivée en métropole par des artisans-chocolatiers. Chaque précieuse cargaison permettra ainsi de produire pas moins de 400 délicieuses tablettes par bateau ! Louis Mayaud, chef de projet du transport à la voile chez Belco, nous en dit davantage sur cette opération spéciale.

 

Louis Mayaud, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette opération de collaboration entre Belco et le Retour à La Base ?

Nous sommes une entreprise de sourcing d’import et de distribution de café et cacao de spécialité en Europe et, depuis 2019, nous avons le projet de faire du cargo à voiles notre moyen de transport principal sur presque 100% de nos volumes d’ici 2028, soit environ 10 000 tonnes à aujourd’huiC’est un engagement stratégique très fort et lorsque nous avons eu vent de ce projet de rapatriement de marchandises par les skippers du Retour à La Base, cela a fait sens pour nous de leur proposer de transporter une vingtaine de kilos de fèves de cacao. Les marins sont les meilleurs ambassadeurs de notre démarche, nous souhaitons don à travers notre partenariat avec le Retour à La Base montrer que le transport à la voile est non seulement viable, mais surtout enviable ! 

Comment s’est construite cette volonté chez Belco de s’inscrire dans une démarche plus durable ?

Lors de la création de la société en 2007, Belco s’inscrivait dans un processus assez classique d’import de café de commodité, en volume, sans attrait particulier pour la durabilité. C’est dès 2013 qu’elle a commencé à se positionner pour des pratiques plus durables, au sein d’une filière très impacté à la fois par le changement climatique et par le vieillissement de ses producteurs.

Chez Belco, durabilité rime avec Qualité : en achetant des cafés à haute qualité organlopetique et environnementale, nous participons à un marché à plus forte valeur ajoutée pour le producteur. Par exemple, nous poussons au marché des cafés dits « Nature », ou non lavés qui n’utilisent pas du tout d’eau. C’est plus complexe à bien produire, génère un goût différent (et prisé !) mais c’est la collaboration, la confiance et le long terme qui nous permet de progresser pas à pas avec nos partenaires producteurs et torréfacteurs.

Tout cela contribue à un meilleur équilibre économique des fermes, rendant ainsi attractifs leur reprise par les jeunes générations, et améliore donc la durabilité de la filière. C’est un cercle vertueux !

Et le transport à la voile ?

C’est une des évolutions stratégiques majeures dans la vie de Belco. En 2017, notre Président Alexandre Bellanger rencontre Guillaume Le Grand, co-fondateur de la compagnie maritime spécialisée dans le transport marchand à la voile TOWT (pour TransOceanic Wind Transport). Leur constat sur l’impact environnemental catastrophique des portes conteneurs  les rassemble et donne l’envie à Alexandre de charger une vingtaine de tonnes de cafés sur les goélettes en bois type vieux gréement affrété par TOWT, à l’ancienne. Vingt tonnes ne représentant pas grand-chose de nos 10 000 tonnes annuelles, le geste était surtout symbolique. Mais lorsque TOWT a lancé la construction de deux cargos à voiles de 80 mètres de long, capables de transporter 1 000 tonnes de marchandise, nous y avons vu l’opportunité d’avoir un réel impact et d’être fer de lance du transport vélique dans la filière du café. Et ainsi de combler le « trou dans la raquette » dans notre démarche vers plus de durabilité que nous constations au niveau du transport.

C’est-à-dire ?

Jusqu’alors, nous nous concentrions sur un travail en amont du processus avec les producteurs, puis en fin de processus avec les torréfacteurs et chocolatiers, en les accompagnant vers une montée en gamme (plus de qualité organoleptique et moins d’impact) comme un moyen de se différencier de la concurrence. Mais nous ne faisions rien « au milieu », au moment où intervient le transport par cargo, extrêmement polluant. On sait aujourd’hui que cela génère un problème environnemental colossal, que cela représente 20% des émissions mondiales de dioxydes de soufre et d’azote et qu’un seul trajet représente l’émission quotidienne de 55 millions de voitures. Sans parler de l’impact sur la biodiversité, avec des millions de tonnes d’eau de ballasts transportés d’un bout à l’autre de la planète, avec la nuisance sonore qui perturbe la vie des cétacés…

Le chocolat « Retour à La Base » commercialisé pour Pâques 2024

Pensez-vous que le transport à la voile vous permettra de conserver la même efficacité en termes de délais d’acheminement ?

Et bien justement, l’autre raison principale de nous tourner vers la voile est une raison logistique. En moyenne, nous recevons nos containers 40 jours après leur départ de Colombie, car les cargos effectuent de multiples escales. Tous ces transbordements nous font perdre beaucoup de temps, multiplient la consommation de pétrole, et dégradent la qualité des marchandises À la voile, avec notre seule marchandise à bord, le bateau fait route directe entre les origines productrices de café et Le Havre. Cela représente alors 20 à 22 jours de mer, un gain de temps considérable. Les cales des navires de TOWT sont également équipés de bouche d’aération et de ventilateurs électriques, permettant un renouvellement de l’air permanent, évitant ainsi la condensation et les températures extrêmes, les 2 ennemis jurés d’un cacao et café de qualité.

Vous parlez d’un objectif de transport quasi exclusif à la voile d’ici 2028 : quelles sont les prochaines étapes ?

TOWT a déjà son premier bateau en cale sèche à Concarneau, qui devrait recevoir ses mâts et son gréement début 2024. Un deuxième bateau est en construction au Vietnam et sera mis à l’eau dès février avec un premier import de 1 000 tonnes de café prévu en mai. Le bateau de Concarneau sera mis en service à la même période pour un premier voyage vers New-York, avant de rejoindre la Colombie pour embarquer notre marchandise de café et cacao et revenir au Havre en août 2024. Un deuxième trajet pour notre marchandise au Brésil est ensuite prévu en novembre 2024.

Pourriez-vous nous retracer le parcours de la future « aventure » des fèves de cacao Retour à La Base ?

Nos fèves de cacao martiniquaises sont sourcées auprès de l’association Valcaco qui réunit une cinquantaine de producteurs. Belco les a accompagnés dans l’amélioration leurs processus de fermentation et de séchage afin d’atteindre nos standards de qualité. Nous nous occuperons ensuite de charger les sacs sur les IMOCA puis de les recevoir à Lorient, avec les démarches douanières et administratives. Trois chocolatiers se sont d’ores et déjà positionnées pour acheter les fèves à leur arrivée afin de les transformer en tablettes de chocolat qui seront commercialisées par leurs propres circuits de distribution au printemps 2024, probablement pour Pâques. Avec évidemment quelques cadeaux chocolatés pour les skippers et les organisateurs de la course !

 

__________________________________________

 

À propos de Belco :

Née en 2007, l’entreprise Belco souhaite décarboner la filière du cacao et du café, en misant sur le transport à la voile. Et l’objectif est ambitieux : 10 000 tonnes de marchandises transportées par la voile d’ici 2026 ! « Certes, 600 kilos avec le Retour à La Base, c’est assez symbolique, mais les skippers de course au large sont les premiers ambassadeurs du vent comme moyen de transport », a souligné Louis Mayaud, chef de projet pour la marque bordelaise. Et cette initiative a permis aussi de nouer des relations privilégiées avec pas moins de cinquante producteurs de cacao martiniquais, qui proposeront d’ailleurs une visite de leur plantation à tous les skippers avant leur grand départ. Un rendez-vous que les sportifs, qui n’en sont pas moins souvent des épicuriens également, sauront apprécier à sa juste valeur, avant des semaines de nourriture lyophilisées !