Petits bonheurs et nouvelles arrivées
Ils sont 7 de plus, amarrés aux pontons de Lorient La Base depuis la nuit dernière. Alors que Tanguy Le Turquais (Lazare) et Sébastien Marsset (Foussier - Mon Courtier Énergie) avaient ouvert le bal des arrivées nocturnes, en fin de journée hier, Louis Duc (Fives Group – Lantana Environnement, 22e), Violette Dorange (Devenir, 23e), Guirec Soudée (Freelance.com, 24e) et Manuel Cousin (Coup de Pouce-Giffard Manutention, 25e) ont franchi la ligne d’arrivée durant la nuit, imités par Fabrice Amedeo (Nexans - Art & Fenêtre, 26e) et Szabolcs Weöres (New Europe, 27e) dans la matinée, puis par François Guiffant (Partage, 28e) ce mercredi après-midi. Ils ne sont désormais plus que trois marins encore en course, attendus entre demain et le début de la semaine prochaine.
On ne s’en lassera jamais ! Chaque arrivée de course reste en effet un événement unique en soi, tant par le fait de voir débarquer, au large, un IMOCA sous voile, que de percevoir la joie sur les visages de ceux qu’ils ont transporté sur les mers, et d’enfin écouter les paroles heureuses, des femmes et des hommes qui se sont surpassés là-bas avant de savourer ici. Depuis le week-end dernier et les premières arrivées, le Retour à La Base offre son lot d’émotions aux habitués des pontons et aux Lorientais émerveillés. Quatre jours après, c’est au tour des autres skippers d’en terminer et de profiter des mêmes honneurs, ramenant avec eux leurs péripéties, leurs espoirs et leurs histoires.
« Tellement heureuse, contente et fière » (Violette Dorange)
La nuit a débuté avec Louis Duc (Fives Group – Lantana Environnement, 22e), un des fers de lance du ‘match dans le match’ des bateaux à dérives. « C’était une belle course, c’était fun », explique celui qui a dû composer avec, entre autres soucis tehcniques, un gennaker déchiré. « Ça aide à comprendre le rythme que tu peux t’imposer. J’ai appris pleins de choses, on va être bien l’année prochaine ! »
La satisfaction était identique un peu plus tard dans la nuit, et le sourire tout aussi éclatant sur le visage de Violette Dorange (Devenir, 23e). À 22 ans, la maturité dont elle a fait preuve et la qualité de sa course ont impressionné. Longtemps dans la bataille pour prendre la tête des bateaux sans foils, elle s’inscrit déjà comme une valeur sûre pour les courses à venir. « Je suis tellement heureuse d’avoir réussi, je suis trop contente, trop fière de moi », a-t-elle confié, évoquant ce « pré-Vendée Globe » terminé en beauté.
À minuit passé, la nuit était encore loin d’être terminée et a continué de s’illuminer un peu plus tard, lorsque Freelance.com a franchi la ligne d’arrivée, Guirec Soudée terminant 24e et achevant sa troisième transatlantique en l’espace de deux ans. L’aventurier reconnu est désormais devenu coureur à part entière : « Je suis content d’être revenu en solo. La dernière fois que j’ai fait une traversée dans ce sens-là, c’était à la rame ! » Handicapé par deux avaries majeures de voiles (un spi et une grand-voile y sont restés), Guirec aura néanmois connu la régate tout du long de son Retour à La Base, à la lutte avec Manuel Cousin (Coup de Pouce - Giffard Manutention) qui a, lui, dû composer avec nombre de « galères » sur son ordinateur, avec un boîtier de latte de grand-voile et une fuite d’eau. Avant de franchir la ligne, un dernier « vrac monumental » lui valait une dernière grosse frayeur, le bonheur d’en terminer de se réjouir « de s’en être bien sorti » n’étant décidément jamais acquis !
« Un bon compagnon pour le Vendée Globe » (Fabrice Amedeo)
À l’heure de lui aussi s’offrir les joies de l’arrivée, Antoine Cornic (Human Immobilier, 26e) avait de quoi être heureux. Cette traversée de l’Atlantique en solitaire lui aura en effet permis d’aller puiser dans ses ressources les plus extrêmes, affaibli par la dengue contractée en début de course, sans jamais renoncer ni n’envisager de ne pas terminer : « Ça a duré cinq jours mais j’ai réussi à limiter la casse. » À un an de s’attaquer à son premier tour du monde, le Rétois s’est ainsi découvert une volonté insoupçonnée ainsi qu’une nouvelle relation de parfaite symbiose avec le bateau qui a su le ramener à bon port : « C’est un bateau qui est fait pour le Vendée Globe, il me manque juste un peu de sommeil dans ses envolées lyriques… »
Fabrice Amedeo (Nexans - Art & Fenêtres, 27e) s’est quant à lui rassuré. Pour sa première course en solo depuis son naufrage l’an dernier, à bord de son nouveau bateau, le navigateur s’est en effet souvenu que cette nouvelle expérience n’avait « rien d’anodin ». Malgré des problèmes de connexion qui l’ont empêché de télécharger des fichiers météos, Amedeo a tenu bon et a coché une première case dans son processus de qualification à son troisième « Vendée ». Un rendez-vous pour lequel sa nouvelle monture s’est révélée faire « un bon compagnon ».
Gagner en confiance, grappiller de la sérénité, tels étaient aussi les objectifs qui animaient Szabolcs Weöres (New Europe, 28e). Après ses premiers pas il y a moins de deux ans, le Hongrois peut se satisfaire d’avoir bouclé une troisième transatlantique en IMOCA.
François Guiffant (Partage, 29e), concluait finalement cet après-midi le bal des arrivées de ce mercredi. Heureux d’être allé au bout, « content d’avoir navigué proprement » et détenant la méthode pour « monter d’un cran », « Fanch » aspire maintenant « au repos, aux fêtes et à faire des cadeaux » ! Comme les autres, même si pour les derniers marins encore en mer, il faudra attendre encore un peu plus longtemps.
Plus que trois bateaux encore en lice
Le dénouement devrait ainsi avoir lieu la nuit prochaine, au plus tard au petit matin, pour Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 30e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou), qui progressent au contact dans le golfe de Gascogne. « Ce n’est pas simple pour eux » rappelait Christian Dumard, le météorologue de la course, évoquant une trentaine de nœuds et cinq mètres de creux en début de journée. « Le vent devrait mollir jusqu’à l’arrivée » ajoute-t-il cependant.
Demain, jeudi 14 décembre, deux semaines tout pile après le départ du 30 novembre dernier, ne manquera alors plus qu’un seul skipper à l’appel : Jean Le Cam, parti mercredi dernier, qui pointe à près de 900 milles à l’Est des Açores. Après sept jours de course, le doyen de l’épreuve n’aura pas vraiment eu des conditions météos propices à progresser aussi rapidement que l’ensemble de la flotte partie à l’heure. « Il doit faire face à des grosses transitions avec du vent fort depuis son départ », abonde Dumard. Alors qu’il doit actuellement se préparer au passage d’une dépression tropicale qu’il devrait pouvoir éviter par le Nord, Jean Le Cam est attendu à Lorient d’ici encore une semaine, mardi ou mercredi prochain.