Record battu sur le sprint de l'Atlantique
Toute la journée, les compteurs des leaders du Retour à La Base nous auront tenus en haleine. Grâce aux dépressions venues du Nord-Ouest, les premiers foilers ont en effet affiché des vitesses et des distances parcourues encore jamais vues. À 14h30 UTC (15h30 heure de Paris) ce lundi 4 décembre, après avoir parcouru 539,94 milles en 24 heures à bord de son IMOCA For People, Thomas Ruyant finissait par améliorer le record établi par Alex Thomson en 2017 (536,81 milles). Une incroyable performance, à 22,5 nœuds de moyenne (23,53 nœuds en distance réelle avec 564,85 milles parcourus sur le fond !). Parti chercher une option Nord, Yoann Richomme (Paprec Arkéa) reste en tête au classement de 17h.
À chacun sa façon d’aborder le début de semaine. Et chez les skippers IMOCA, c’est en ayant le pied à fond sur l’accélérateur ! Au sein de la tête de course, tous ont la folie des grandeurs. « Les conditions sont extras, 15 à 18 nœuds de vent, une mer plate, ça glisse tout en douceur », se réjouit Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 5e) dans le wagon de tête. Car c’est un véritable sprint qui se joue actuellement, au beau milieu de l’Atlantique ! Une bataille d’anthologie, sans relâche, alors que le retour à la maison se rapproche vite puisque les premiers concurrents sont attendus d’ici cinq jours sur la ligne d’arrivée, au large de Lorient. Et c’est peu dire que les compteurs s’affolent, au plus grand bonheur des amateurs de sensations fortes et des forcenés de la statistique, puisque le record de distance parcourue en 24 heures, en solitaire, en monocoque, détenu par Alex Thomson (Hugo Boss) lors du Vendée Globe en 2017 (536,81 milles), est enfin tombé.
La mécanique d’un record
Pendant longtemps, ce lundi, tout indiquait que des records risquaient de tomber. Or, jusqu’à cet après-midi, aucun bateau de la flotte du Retour à La Base n’avait fait mieux que de s’approcher, dangereusement, de la barre du record tant convoité. Si, pour être entériné, un record doit être homologué à l’issue d’une procédure émise auprès du World Sailing Speed Record Council (WSSRC), un organisme mis en place par la fédération internationale de voile, la performance reste incroyable et les honneurs reviennent à un marin qui aura définitivement marqué la course au large de son empreinte : Thomas Ruyant, récent triple vainqueur consécutif de deux Transat Jacques Vabre et une Route du Rhum. Un quatrième sacre en course transatlantique lui tendrait-il les bras ?
C’est sans compter sur Yoann Richomme qui continue de mener les débats après avoir chipé les commandes de la course à Sam Goodchild (For the Planet, 2e) ce lundi matin. « Ça bombarde à bord de Paprec Arkéa, confie l’intéressé. C’est chaud de mener ces bateaux aussi vite. Je ne suis pas le seul à être rapide, ça démontre tout le potentiel de ces machines ». Si le nouveau leader a pu progresser un peu plus rapidement que ses rivaux ces dernières heures, c’est grâce à une stratégie audacieuse en optant pour une position plus au Nord de la flotte, à 80 milles en latéral du trio de tête, où il bénéficie de conditions plus fortes. Option également choisie par Sam Davies (Initiatives Coeur, 8e) et Pip Hare (Medallia,14e), qui continuent de filer vers le Nord, Nord-Est.
« Bonjour dépressions, vent fort et houle démesurée ! »
Derrière, chez les bateaux à dérives, Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a Job, 17e) mène la danse, ravissant ce matin la tête à Violette Dorange (Devenir), tandis que cette dernière a décidé de remonter plus Nord que ses rivaux pour tenter de toucher davantage de vent. En attendant, la benjamine de l’épreuve profite de conditions encore clémentes et d’un « dernier coucher de soleil où il fait encore à peu près beau ». « Le changement de saison est imminent », reconnaît Tanguy Le Turquais, s’apprêtant à « dire au revoir aux alizés et aux chaleurs presque insoutenables » et « Bonjour dépressions, vent fort, houle démesurée et fraîcheur hivernale ! »
Un enthousiasme palpable aussi chez Alan Roura (Hublot) : « On est à 500 milles dans l’Est des Bermudes, sous gennaker en train de jouer avec les copains et on s’apprête à aller chasser de la dépression ! » Pip Hare (Medallia) a une formule pour qualifier son état d’esprit tout aussi enjoué : « une navigation géniale, une course géniale et des bateaux géniaux ». Antoine Cornic (Human Immobilier) tente lui aussi de voir le positif. Toujours très souffrant à cause de la dengue – « je suis anéanti physiquement » - il s’est réjoui d’avoir « réussi à mettre une voile d’avant. Il m’a fallu trois heures pour mettre un fractionné en place, c’est un peu long mais c’est ma petite victoire ! »
De son côté, Sébastien Marsset (FOUSSIER – Mon Crédit Énergie) a eu un réveil délicat, la faute à son grand spi qui « a éclaté dans la nuit ». « Il y en a partout, ça s’emmêle dans la dérive, ça a abîmé les cales de dérive et forcément, ça ne fait pas avancer dans le bon sens ! » Après s’être employé sur le pont, ‘Seb’ s’est fixé un objectif aux allures de mantra : « depuis ce matin, j’y vais cool ». Cette envie de veiller à sa monture, quoi qu’il arrive, est une priorité chez tous les marins de la flotte. Ils savent que les échéances seront nombreuses l’an prochain, qu’une période de chantier attend les bateaux à l’arrivée et que préserver les machines est un gain de temps et de sérénité pour toute l’équipe.
Tous à Lorient dès samedi !
Ils commencent déjà à penser à l’après et pour cause : l’arrivée se rapproche à grands pas. Dans cinq jours, le Retour à La Base connaîtra son vainqueur et ses places d’honneur. Un moment de fête et de partage où seront conviés tous les Lorientais et tous les curieux. Tout au long du weekend, de nombreuses animations, gratuites et conviviales, seront proposées. Fanfare, performance, DJ Set, soirée cinéma… Un programme destiné à vivre un événement « unique et populaire », explique Amandine Dubreuil, coordinatrice des opérations à terre pour le Retour à La Base. Et de conclure : « on espère que tout le monde pourra s’y retrouver et s’approprier pleinement La Base, ce quartier incroyable ».