RLB23 Finish Fortinet 1112PB1893

Les arrivées se sont succédé au cœur de la nuit (Nicolas Lunven, Holcim-PRB, 8e), dans la matinée (Isabelle Joschke, MACSF, 9e) puis dans l’après-midi avec Romain Attanasio (Fortinet – Best Western, 10e), 21 minutes devant Pip Hare (Medallia, 11e). En attendant Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence), Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a Job) et Alan Roura (Hublot), retour sur une journée riche en émotions.

 Ce sont des scènes de joie, de sourires, d’embrassades, de regards embués et de visages creusés par la fatigue qui en disent long sur une année passée à batailler sur les océans et les dix derniers jours à traverser l’Atlantique. Alors que Yoann Richomme (Paprec Arkéa) s’est offert la victoire du Retour à La Base samedi dernier, le Top 10 de la course est désormais connu depuis ce milieu d’après-midi.

Isabelle Joschke : « Je me suis régalée » 

 Au petit matin, à 4h28, il y eut d’abord Nicolas Lunven. Pour sa première transatlantique en course, en solitaire qui plus est, à bord d’Holcim-PRB, le skipper n’a pas tremblé et est longtemps resté aux avant-postes de la course avant de terminer en  8e position. « J’en tire beaucoup de positif, confiait-il sur les pontons à son arrivée. J’ai fait une bonne liste de choses à améliorer, à optimiser et à revoir sur le bateau ». Compétiteur, le Lorientais ne pouvait cependant dissimuler une légère déception de n’avoir pu se mêler à la bataille pour le podium. « Pour une ‘course retour tranquille’, ils (Yoann Richomme, Jérémie Beyou et Sam Goodchild) ont placé le curseur assez haut ! »

Une poignée d’heures plus tard, sous la grisaille, place à un autre sourire : celui d’Isabelle Joschke (MACSF). Elle qui avait enchainé les galères à la Transat Jacques Vabre a savouré le bonheur simple de « s’être fait plaisir » et de « s’être régalée à bord ». Elle termine dans le Top 10, comme l’an dernier à l’issue de la Route du Rhum (9e). « Le parcours du Retour à La Base m’a permis de me projeter sur les situations qu’on va rencontrer au prochain Vendée Globe, notamment dans les mers du Sud » se réjouissait-elle.

Attanasio-Hare, 21 minutes d’écart !

La navigatrice franco-allemande a apprécié, aussi, qu’il « y ait eu du match jusqu’à la fin ». Et ça a été le cas, tout du long, avec ceux qu’elle est parvenue à distancer dans les derniers milles, arrivés quant à eux  dans l’après-midi : Romain Attanasio (Fortinet-Best Western) et Pip Hare (Medallia), séparés de 21 minutes seulement après un véritable match-race jusqu’à la ligne d’arrivée ! Pour le premier, c’est le soulagement qui prime, d’autant que le skipper est « tombé dans les pommes deux fois dans la matinée », la faute à un choc à la tête. « Le bateau a freiné d’un coup et je suis tombé sur le capot de quille. Heureusement que l’arrivée était proche ! » Il se dit néanmoins « fier » d’être allé au bout et d’avoir un peu plus de certitudes à bord d’un bateau qu’il apprivoise depuis trois ans.

Même satisfaction chez Pip Hare (Medallia). Bien que la Britannique aurait aimé terminer devant son compagnon de route, l’éternelle enthousiaste préfère retenir « le potentiel brut énorme de son bateau ». « J’ai validé le fait que j’étais capable de le pousser et que je n’avais pas peur ». Cette ténacité, qui anime tous ceux qui sont encore en course est aussi celle qui a poussé Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence) et Benjamin Ferré (Monnoyeur-Duo for a job) à tenir leur rang malgré les assauts incessants de leurs assaillants. Ils sont attendus dans la soirée sur la ligne d’arrivée tandis qu’Alan Roura, à la lutte avec son ami à terre mais concurrent en mer Conrad Colman, devrait la franchir au milieu de la nuit.

Ce lundi soir, la Direction de course compte donc vingt skippers encore en mer. Parmi eux, Tanguy Le Turquais (Lazare), qui continue sa folle remontée (22e), Fabrice Amedeo (Nexans – Art et Fenêtres, 27e) qui a retrouvé de la connexion et a pu se projeter sur la fin de course, mais aussi Denis Van Weynberg (D’Ieteren Group), en proie à des problèmes de code 0, qui continue malgré tout sa progression. À plus de 2 600 milles de l’arrivée, Jean Le Cam poursuit sa route, lui qui commence à légèrement incurver sa trajectoire vers l’Est. Pour lui comme pour les autres, il leur faudra encore un peu de patience avant de vivre, à leur tour, la délivrance de l’arrivée…