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Louis Duc a franchi la ligne d’arrivée de la première édition du Retour à La Base en vingt-deuxième position ce mardi 12 décembre, à 22h38. Le skipper de Fives Group – Lantana Environnement aura parcouru 4 170,22 milles en un temps de course de 12 jours 5 heures 38 minutes 27 secondes, à une vitesse moyenne de 14,20 nœuds. Une traversée épique, bousculée par d’innombrables soucis techniques que le marin Normand a toujours su dépasser, pour mieux se surpasser.  

Mais de quel bois est-il fait, ce marin qui semble toujours trouver le moyen de déjouer l’adversité ? Une essence robuste, dure au mal, et surtout terriblement adaptable… Car sur ce Retour à La Base, Louis Duc aura certes multiplié les difficultés techniques, mais le skipper de Fives Group – Lantana Environnement aura surtout démontré avec brio qu’il n’était décidément pas du genre à baisser les bras face au combat !

Le sien a commencé dès les premiers bords de cette course, dont il était « vraiment content » d’être au départ. « C’est une bonne préparation pour le Vendée Globe. Et puis j’aime bien ce parcours dans ce sens-là : on navigue au portant dans les dépressions et ça change des Route du Rhum où on les prend dans la tronche ! », disait-il sur les pontons martiniquais. 

D’entrée de jeu, le Normand attaque pied au plancher, niché dans le Top 10 en quittant la Martinique. Mais privé de ballasts arrières, les premiers jours au près sont un peu plus difficiles. Qu’importe, Louis Duc mange son pain noir, et attend de pouvoir faire cap à l’Est pour raccrocher les wagons.

Amateur de brise

Fidèle à sa réputation d’amateur de brise, personne n’a été vraiment surpris de le voir, le premier, remettre un coup vers le Nord pour aller chercher le vent fort. Même si l’objectif était d’engranger des milles pour sa qualification au Vendée Globe et de « ramener le bateau en bon état », que voulez-vous, on ne se refait pas…

Perché là-haut, il engloutit les milles : 420 sur un infini tribord amure entre le 5 et le 6 décembre, excusez du peu ! « Je me suis amusé à rester dans du vent fort pour éviter d’avoir de la toile. Finalement tu vas à la même vitesse que les autres mais plus facilement. C’était ça la stratégie ! », explique le skipper, qui se retrouve alors bord à bord avec Violette Dorange (Devenir). Il s’en amuse d’ailleurs dans ses messages du bord : « Tout va bien, la fatigue doit commencer à se faire sentir, j’ai eu une première hallucination ! J’ai aperçu un “Mc Do” à l’AIS sous le vent ! (Violette Dorange porte les couleurs du groupe McDonalds, NDLR) Mais quand le bateau va, tout va ! »

Gréement touché

Et justement, c’est là que les choses vont commencer à se compliquer… Après une dorsale bien négociée, le front suivant déboule sur la flotte, et le petit gennaker de Louis Duc explose, avec une partie de la voile encore en l’air, impossible à rattraper. Il faut incurver la trajectoire pour aller se mettre sous le vent de l’île açorienne de Sao Miguel pour grimper au mât. De nuit bien sûr, sinon ce serait trop facile !

L’opération rondement menée, il est temps de renvoyer du charbon, alors qu’il quitte l’archipel en 3e position des bateaux à dérives, et 19e au général. Mais quelques heures plus tard, c’est le bas hauban qui lâche, mettant en péril le gréement, et obligeant le marin à réduire sensiblement sa voilure. À deux jours de son arrivée, le voilà à jouer les MagGyver avec des lazy-jack fixés sur la padeye de tirant arrière. « Ça fait même un palan pour reprendre ! », explique-t-il, heureux de son « dimanche bricolage ».

Au bout de l’effort, gréement touché mais pas coulé, il parvient tout de même à arracher la 22e place au général, ne pouvant malheureusement pas défendre ses chances face au retour de Tanguy Le Turquais (Lazare) et Sébastien Marsset (Foussier - Mon Courtier Energie). Alors tant pis pour le résultat final qui ne reflète pas l’ensemble de la course, on retient tout le reste, et on se dit que, décidément, c’était une belle tournée du grand Duc !

 

Il a dit à son arrivée aux pontons...

« C'était une belle course ce Retour à La Base ! C'était fun, on était au portant une bonne partie de la course, tout ce qu'on aime ! Je ne voulais pas trop prendre de ris au début, je suis donc parti sur une trajectoire assez Nord en attaquant fort et on m'a dit : « Attention, il faut ramener le bateau ! ». Au final, je reste un peu plus au Dud, de même que le reste de la flotte : « Je vais être raisonnable, pas comme d'habitude ! ». 

À un moment je me dis : « Ça fait une semaine qu'on est partis et il ne m'est toujours rien arrivé, c'est bizarre ! (Rires) C'est que ça va peut-être bien se passer ! » Une nuit, je sors le petit gennaker - on a beaucoup entendu parler de cette voile sur la course car on l'a globalement beaucoup utilisée, c'est une voile de brise pour le portant - c'est une voile d'occasion qu'on avait bricolée et elle a fini par éclater... Pour la ramasser, ça a été un peu la guerre parce que j'ai eu un souci d'emmagasineur devant. Ça m'a pris un peu de temps, la voile s'est déchirée, ça s'est foutu dans les autres voiles, ça s'est emmêlé avec tout... Je ne pouvais plus la faire tomber, elle pendait le long du mât, je suis resté comme ça vingt-quatre heures, je savais qu'on arrivait bientôt sous les Açores. Alors je suis allé me mettre à l'abri sous l'île de São Miguel, je suis monté dans le mât démêler tout ça et couper les drisses qui m'embêtaient. Puis je suis reparti en course ! Mais pas du bon côté, car j'étais sous le vent de l'île : ça va moins vite, il faut repartir et se relancer.

Pendant ce temps-là, notre ami Conrad Colman envoyait du charbon, il a fait une très, très belle course d'ailleurs ! Globalement, c'était une super course, on s'est bien amusés ! Il y avait du portant dans la brise, ce qui est un bon entraînement pour le Vendée Globe. Ça nous a aussi montré qu'il y a des ragages qu'il faut vérifier. Ça tombe bien, on devait refaire le gréement neuf cette année, pour le Vendée Globe, donc on sait où on doit mettre les renforts maintenant, on a les marques (Rires).  En utilisation du bateau, c'est toujours intéressant de faire des milles en solo et de naviguer longtemps au portant (ce qui nous arrive peu). L'Atlantique Nord dans ce sens-là et à ces périodes-là, c'est pas mal pour ça ! Ça remet un peu les pendules à l'heure, ça permet de réfléchir à quelle voile tu utilises, à se demander si tu es apte à faire plein de changements de voiles dans ta journée et à attaquer, ou au contraire, être plus raisonnable. Ça aide à comprendre le rythme que tu peux t'imposer. J'ai appris pleins de choses, on va être bien l'année prochaine ! »

Sa course en chiffres

Heure d’arrivée : 22h 38min 27sec
Temps de course : 12 jours 5 heures 38 min 27sec
Écart au premier : 3 jours 5 heures 34 min
Milles parcourus : 4 170,22 milles
Vitesse moyenne réelle : 14,2 nœuds
Vitesse moyenne sur l’orthodromie : 11,91 nœuds