Nicolas Lunven (Holcim-PRB), 8e
Nicolas Lunven a franchi la ligne d’arrivée de la première édition du Retour à La Base en huitième position ce lundi 11décembre, à 4h28. Le skipper de Holcim-PRB aura bouclé les 3 500 milles théoriques du parcours en l’espace de 10 jours 11 heures 28 minutes 54 secondes, à une vitesse moyenne de 13,91 nœuds. Toujours bien placé dans la tête de flotte, le skipper lorientais, qui a pris les rênes de son IMOCA en septembre seulement, termine 1 jour 11 heures 25 minutes et 06 secondes derrière le vainqueur et a en réalité parcouru 4 609,59 milles à une vitesse moyenne de 18,33 nœuds.
Il était l’un des protagonistes les plus attendus de ce Retour à La Base ! À la barre de Holcim-PRB depuis mi-septembre seulement, Nicolas Lunven avait fait le déplacement en Martinique spécialement pour prendre le départ de la transatlantique retour en solitaire, étape indispensable dans sa course à la qualification pour le Vendée Globe. Certes le convoyage aller lui avait permis de continuer à prendre ses marques à bord de ce beau plan Verdier de dernière génération, mais cette fois, il s’agissait bien de faire ses grands débuts en course, et en solo !
« Il est temps de régater un peu contre les autres », expliquait avant de partir le skipper lorientais, qui avait l’avantage d’être un peu plus « frais » que sa concurrence, tout juste débarquée d’une Transat Jacques Vabre déjà bien exigeante. « Mon objectif sera probablement de ne pas avoir trop de vent et d'être plus au Sud, afin d'avoir une route plus sûre », nuançait-il cependant, bien conscient des enjeux de préserver son bateau et de finir la course. Un plan initial qu’il aura appliqué à la lettre, tout au long de ses dix jours et demi de mer.
Sur la ligne de Fort-de-France, le bateau bleu se montre prudent, un peu en retrait. « Le départ était moyen, voire même mauvais, on peut le dire », reconnaît-il 24 heures plus tard. Avant de se filmer bord à bord avec Yoann Richomme (Paprec Arkéa) : « Heureusement, on s’est bien refait, et on a bien navigué... »
Et c’est peu de le dire ! Dans le Top 5 sur la première moitié de course, le Lorientais respecte son idée de rester plus au Sud afin d’éviter le vent trop fort, et continuer d’apprendre « à se connaître dans l'intimité avec Holcim-PRB ! » Ce qui ne l’empêche pas d’être bien secoué malgré tout, dans des conditions qui restent difficiles, avant-goût des mers du Sud qui l’attendent l’année prochaine… Et l’organisme souffre ! La fatigue s’accumule à l’approche des Açores, et au moment d’aborder cette étape stratégique, toujours en 5e position, il fait cap au Sud. Son concurrent direct, Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer), avec qui il a partagé en début d’année d’incroyables navigations sur The Ocean Race, s’interroge : « Je ne comprends pas ce que Nico est allé chercher dans le Sud, mais comme il est très fort en stratégie, j’ai peur qu’il ait vu quelque chose qui m’ait échappé ».
La réponse à cette question est un peu plus prosaïque, puisque le skipper d’Holcim-PRB avoue avoir été victime d’une avarie… de réveil ! Résultat, sa sieste s’est prolongée un peu trop pour réaliser la trajectoire initialement prévue. L’apprentissage du solitaire en IMOCA passe aussi par là ! Légèrement trop décalé au Sud, il n’arrivera pas à contenir le retour des concurrents placés plus au Nord, et boucle donc sa traversée en huitième position. Une mise en jambes qui en dit long sur le potentiel de ce couple bateau-skipper, lorsque, passés les premiers rendez-vous toujours un peu intimidants, il entrera dans sa phase de lune de miel !
Ses premiers mots au ponton :
« Ça s’est plutôt bien passé, je n’ai pas fait trop de bêtises, je n’ai pas cassé grand chose voire presque rien je crois. J’ai fait une bonne liste de choses à améliorer, optimiser ou à revoir sur le bateau car j’avais finalement très peu navigué dessus avant de prendre le départ de la course. J’en tire beaucoup de positif, surtout ma qualification en grande partie validée pour le Vendée Globe, puisqu’il ne me reste plus qu’à prendre le départ d’une course l’année prochaine.
D’un point de vue sportif, j’étais plutôt bien dans le match au début, jusqu’à ce que ça parte au portant. De par ma méconnaissance du bateau, je n’étais pas complètement dans le rythme des premiers en vitesse, et j’ai aussi fait le choix délibéré de rester là où il y avait un peu moins de vent pour prendre petit à petit la mesure du bateau. Au final, la déception d’avoir lâché le morceau à un moment donné m’a donné l’occasion d’aller naviguer dans des gammes de vent variées, en montant crescendo, notamment aux Açores où je me suis décalé au Sud en sachant bien que j’allais perdre du terrain. Mais j’ai pu essayer différentes configurations de voiles, dérouler tout le jeu de voiles et voir comment le bateau se comportait, ça c’était pas mal. C’est toujours décevant de mettre la compétition entre parenthèses mais j’ai pu valider pas mal de choses !
Je récupère un bateau abouti qui a beaucoup navigué mais que je ne connais pas encore si bien. Et cela fait deux transatlantiques à la suite où je ne rencontre pas de problème majeur. On peut toujours améliorer certaines choses, mais cette course m’a permis de prendre de l’assurance sur le bateau. J’en avais besoin, ce sont des machines complexes, je suis parti de Martinique après seulement 4 sorties de port à bord du bateau !
Un grand bravo à Yoann Richomme qui a fait une course incroyable, pleine de maîtrise quasiment du début à la fin. On était bord à bord pendant un long moment dans les alizés au près en sortant de la Martinique et il a réussi à s’échapper petit à petit. À Jérémie Beyou et Sam Goodchild aussi, qui complètent le podium et qui naviguent vraiment très bien, qui placent la barre très haut en termes de maîtrise du sujet sur toutes les facettes : ils font aller très vite leurs bateaux, ils ne font pas d’erreurs… Pour une « course retour tranquille », ils ont placé le curseur assez haut ! Je ne suis pas surpris, je n’étais pas là pour jouer avec eux, j’avais vraiment cet objectif de qualif, je m’étais mis une grosse pression. J’ai un peu navigué avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, où il ne fallait pas que je me retrouve dans une situation où ma qualif n’aurait pas été validée et où je n’aurais pas abordé les courses du printemps prochain de la même façon. Donc petite déception de ne pas avoir joué la compétition à fond mais les objectifs de qualif et de prise en main du bateau sont remplis ! »
Sa course en chiffres
Heure d’arrivée : 4 h 28 min 54 sec
Temps de course : 10 jours 11 heures 28 min 54 sec
Écart au premier : 1 jour 11 heures 25 minutes et 06 secondes
Milles parcourus : 4 609,59 milles
Vitesse moyenne réelle : 18,33 nœuds
Vitesse moyenne sur l’orthodromie : 13,91 nœuds