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Rafraîchissez-nous la mémoire, certains avaient bien parlé d’attaquer « mollo » cette première course en solitaire de la saison ? Visiblement, les sages résolutions ont vite été oubliées… car depuis 24 heures, les crampons sont clairement de sortie pour attaquer la grimpette vers le Nord ! Et la cordée s’apprête à accueillir un nouvel aventurier, tout juste débarqué sur les pontons de Fort-de-France… et bien décidé à vite les quitter !

Il n’aura pas le temps de déballer ses valises, à peine la joie d’un plongeon dans les eaux turquoise. Sa seule demande ? Déguster un plat de poisson ! C’est que les plats lyophilisés doivent commencer à lasser… Après une Transat Jacques Vabre qui a joué les prolongations suite à un choc avec un OFNI et  un chantier mené tambour battant, Tanguy Le Turquais (Lazare) est arrivé à l’aube, vendredi 1er décembre, sur les pontons martiniquais, le visage marqué mais la motivation intacte. « Dans ma tête, je suis toujours en compétition. C'est finalement une course qui dure deux mois. (…) Je soufflerai quand j'arriverai à Lorient ! », a lancé le skipper lorientais, quelques minutes après avoir posé pied à terre. 

Il faut dire que croiser la flotte des IMOCA quittant la Martinique à toute allure a dû donner envie à Tanguy Le Turquais de ne pas trop traîner au port… Car sur les vingt-quatre premières heures de ce Retour à La Base, les marins ont fait parler pleinement leur talent et la puissance de leur bel oiseau du large !

Beyou à la cadence 

Au premier coucher de soleil, la zone de DCP (dispositif de concentration de poissons), interdite de navigation par la Direction de course, a constitué un premier petit « test de forme », entre ceux qui avaient envie de manœuvrer et les partisans de l’économie d’énergie ! À ce petit jeu-là, Jérémie Beyou (Charal), sur une seconde option solidement assumée, a pris l’avantage et a imposé son infernale cadence toute la nuit ! 

Avec un succès certain, puisque 24 heures après le départ, le natif de Landivisiau affiche déjà 11 milles d’avance sur son premier poursuivant, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), qui semble lui aussi ravi de sa nouvelle grand-voile ! À leurs trousses, un mouchoir de poche bien chargé où l’on retrouve sept concurrents, dont Clarisse Crémer (L'Occitane en Provence), NicolasLunven (Holcim – PRB), et Louis Burton (Bureau Vallee). 

Romance antillaise

Ce début de course présente en effet « des supers conditions pour les foilers », comme le soulignait au petit jour le météorologue Christian Dumard, eux qui affichent déjà des moyennes tutoyant les 20 nœuds en remontant un alizé de Nord-Est bien établi. Derrière, les bateaux à dérive sont effectivement un peu moins à la fête, alors que Violette Dorange (Devenir) pointe à 62 milles du leader, avec une vitesse plutôt proche des 13 nœuds. 

Mais ce différentiel important n’empêche pas les marins de goûter au plaisir du retour au solitaire, d’autant qu’il se fait encore pour quelques heures sous le soleil et dans le vent chaud. Dans sa première vidéo du bord, Conrad Colman (Mail Boxes etc.) avait des étoiles dans les yeux en évoquant son bord à bord avec Louis Duc (Fives Group – Lantana Environnement) au soleil couchant… Une romance antillaise à peine assombrie par les premiers pépins rencontrés à bord par le skipper néo-zélandais, dont une handicapante perte de girouette ! Fabrice Amedeo (Nexans - Art & Fenetres) a également été ralenti, après avoir réalisé sa pénalité de cinq heures, due à son départ anticipé sur la ligne…

Les malheurs des uns font le bonheur d’un autre… Ces premières petites avaries nourrissent l’espoir de Tanguy Le Turquais, qui compte bien rattraper quelques-uns de ses petits camarades partis en éclaireurs ! 

Se pourrait-il que les dieux de la météo aient apprécié la belle leçon de résilience délivrée par le skipper lorientais ? L’anticyclone que la tête de flotte va devoir rapidement contourner se décale dans l’Est, ce qui « devrait permettre à Lazare de couper plus court que les bateaux devant », selon le météorologue Christian Dumard. C’est justement un dernier point météo qui devait occuper le nouvel invité, avant un départ des pontons prévus pour 15 h en Martinique (20 h, heure de Paris).