Météo : en ligne droite, ou presque, vers l’écurie !
Pas de trêve dominicale en Atlantique Nord ! Au onzième jour de mer, nos solitaires seront encore bien secoués à bord de leurs bolides, notamment les cinq bateaux attendus dimanche 10 décembre à Lorient, qui devraient toutefois pouvoir faire route directe, ou presque, vers La Base.
Pour ce petit groupe, composé en tête de Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer), la route devrait en effet être « aussi droite que possible », analyse le météorologue du Retour à La Base, Christian Dumard. En file indienne, les quatre premiers arriveront du Nord, et devraient profiter d’une petite bascule du vent du Sud-Ouest à l’Ouest-Sud-Ouest, parfaite pour un atterrissage pile sur la rade morbihannaise. D’autant que le vent, actuellement établi à 30-35 nœuds, devrait mollir un peu pour atteindre une vingtaine de nœuds en fin de journée. « Ça va adonner légèrement, c’est pour ça que Bureau Vallée est monté très Nord », précise Christian Dumard pour ceux qui s’étonneraient de la position du Malouin, qui semblerait presque à l’heure actuelle faire route vers la maison…
Pour le dernier de la bande du jour, Nicolas Lunven(Holcim-PRB), actuellement en tribord amure, l’approche devrait se faire par le Sud, avant d’empanner « pour jouer lui aussi avec cette dernière petite bascule ». Le marin lorientais devrait ainsi en terminer avec sa traversée aux alentours de minuit, et laisser derrière lui un petit répit durant la nuit.
Des dégâts qui expliquent certaines trajectoires
Derrière, Isabelle Joschke (MACSF) devrait rester dans du vent fort au Sud pour s’assurer d’une arrivée dans la matinée de lundi. Pour ceux qui n’ont pas encore passé la deuxième porte du parcours, un contre-bord vers le Nord sera impératif à la hauteur du Cap Finisterre.
Seule la trajectoire d’Antoine Cornic (Human Immobilier) détonne un peu. « Il va chercher du vent plus fort que les autres, est-ce parce qu’il ne peut pas utiliser certaines voiles, que sa grand-voile est déchirée ? On sent que sur tous les bateaux à l’arrière de la flotte, il y a plus ou moins de dégâts, et les trajectoires s’en ressentent », rappelle Christian Dumard.
Pour toute cette flotte partie le 30 novembre, l’objectif temporel est désormais fixé. Car en achevant sa traversée, le vainqueur Yoann Richomme a aussi scellé la fermeture de ligne. Tous doivent en effet arriver en une fois et demie le temps du premier pour valider leur course (soit quatre jours et demi). « Ce qui fixe l’heure fatidique à 05h05, le matin du 14 décembre », rappelle Christian Dumard, qui voit actuellement « tout le monde capable d’arriver dans les temps, mais il ne faudra pas traîner pour Jingkung Xu (China Dream) ».
Pour Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-lux), parti, lui, le 6 décembre, il aura jusqu’au 20 pour achever sa course. « Pour l’heure, il n’est vraiment pas rapide, ça se comprenait au près les prochains jours, mais maintenant qu’il est au reaching c’est plus surprenant », souligne le météorologue. D’autant que pour le doyen de la course, la fin du parcours devrait être plus compliquée, avec un retour du vent d’Est sur les côtes bretonnes qui l’obligera à une glaciale arrivée au près.
Pour ceux qui veulent frimer dans les discussions du dîner de Noël…
Ce n’est pas le jargon qui manque quand on parle météorologie, alors quand on l’additionne en outre à la voile, ça peut vite devenir un opaque charabia !
Certains termes peuvent se deviner intuitivement, comme cette « bascule » de vent prévue dimanche en approche de la Bretagne. Cela signifie simplement qu’après avoir soufflé dans une direction, le vent va réaliser une rotation, plus ou moins légère et plus ou moins persistante. Ces informations sont évidemment précieuses pour les marins, car le vent est leur moteur et ils vont toujours essayer d’anticiper ces changements de direction pour les exploiter intelligemment. Mais alors que veut bien dire « adonner » ? On emploie ce terme quand le vent s'écarte de l'axe du bateau, et vient davantage de l’arrière, ce qui lui permet d’accélérer. Le contraire serait un vent « refusant », qui se rapproche de l’axe du bateau, et complique bien souvent la vie des marins. Rien de tel donc aujourd’hui au menu des solitaires en passe d’arriver à Lorient, pour leur plus grand soulagement !