Guirecmeteo

Alors que le paddock commence à bien se remplir avec plus de la moitié des concurrents arrivés, un nouveau coup de vent est attendu mardi dans la soirée sur le golfe, qui ne laissera nul répit aux moins véloces de la flotte, en passe de boucler leur chemin de croix.  

La nuit a été courte – ou longue, tout du dépend du point de vue – sur les pontons de La Base, à Lorient. Toute la nuit et la matinée de ce mardi 12 décembre, les arrivées se sont enchaînées pour des marins racontant, tour à tour, les difficiles conditions rencontrées tout au long du parcours, et surmontées avec plus ou moins de difficultés ! Victime d’un démâtage à quelques milles seulement de la ligne, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) en est la dernière éloquente illustration…  

Pour les concurrents attendus dans l’après-midi, un vent de Sud-Ouest de 20-25 nœuds devrait les accompagner, avec une bascule vers 17 heures avant l’arrivée d’un nouveau front. C’est bien pour anticiper ce passage du vent vers l’Ouest que se les marins placent leurs pions. Plus rapide, Tanguy Le Turquais (Lazare), qui n’est pas encore en route directe, devrait toutefois être de retour au chaud plus tôt, avec un « ETA » (Estimated Time Arrival) prévu aux alentours de 15 heures.  

Mais derrière, pour le groupe mené par Violette Dorange (Devenir), il faudra bien gérer ce nouveau coup de tabac ! Avec des rafales de 40 à 45 nœuds attendus, et des vagues de 5 mètres, « il n’y a rien qu’ils n’ont pas surmonté jusque-là, mais avec la fatigue et les manœuvres à faire, c’est évidemment toujours des moments difficiles », analyse le météorologue Christian Dumard. D’autant que le golfe de Gascogne regorge de pêcheurs qui rendent la zone encore plus périlleuse !  

C’est d’ailleurs avec prudence que la benjamine de la course a choisi une option très proche de la côte espagnole, pour être un peu abritée de la mer « et parce qu’il y a moins de vent dans le Sud ». En anticipant la bascule, « elle se met aussi du bon côté pour faire le moins de route possible », explique le météorologue. 

Sur une trajectoire radicalement opposée, Antoine Cornic (Human Immobilier), qui débarque au large, va subir forcément plus de vent, « et prendre la bascule à l’envers ». Cela ne va pas contribuer à ses affaires, et s’il avait gagné du terrain hier, il a déjà ralenti et n’est pas sûr de progresser au classement dans l’opération.  

S’il y en a un autre qui n’a, lui, nul espoir d’améliorer son positionnement, c’est bien le Roi Jean ! Pour Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-lux), qui évolue désormais dans du vent de Sud, la vitesse moyenne est enfin montée, tutoyant les 17-18 nœuds. « Il a dû monter très Nord, l’enjeu pour lui est de passer devant la dépression tropicale qui se forme le 14 décembre et se creuse dans la journée du 15 », explique Christian Dumard. Le compte à rebourd est lancé pour l’expérimenté marin : passer avant qu’elle ne lui coupe la route ! Réponse sur l’issue de ce bras de fer météorologique d’ici deux jours…  

Pour ceux qui rêvent des latitudes tropicales…

Cela pourrait être le nom d’un mal exotique qui ronge les marins ayant passé trop de temps à écumer l’hémisphère Sud, mais pas du tout ! La « dépression tropicale » qui risque bien de barrer le chemin de Jean Le Cam, dernier concurrent de ce Retour à La Base, est bien une perturbation cyclonique se formant dans les latitudes tropicales ou subtropicales. En substance, n´importe où entre l´équateur et le 50e parallèle !  

Souvent, pour ces dépressions, l´anneau de vents maximum est situé loin du centre (à environ 100-200 km), et atteint en moyenne jusqu'à 33 nœuds. Au-delà, on parle alors de « tempête tropicale » !  

Si ce type de dépression est relativement fréquent dans l’Atlantique à cette période, elle n’est pas forcément du goût de nos chers marins, puisqu’en remontant du Sud, elle rompt le régime de vent portant dominant dans les dépressions créées au large de Terre-Neuve, qui les pousse vers la maison... Comme quoi, on n’a pas toujours envie d’ambiance « tropicale » !