Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) termine son périple à la 19e place !
Pour sa première course en solitaire à bord de son nouveau bateau Groupe Dubreuil, Sébastien Simon aura connu une aventure dont il se souviendra. Impressionnant sur toute la première partie de course, le marin aura finalement été contraint à une escale technique aux Açores suite à un black-out électronique, tout juste déjà victime d’un violent choc à la tête. Pour parachever cette épreuve initiatique, un démâtage à quelques milles de l'arrivée de Lorient le poussera encore davantage dans ses retranchements, le Sablais pouvant toutefois être fier d'avoir franchi, sous gréement de fortune, la ligne d'arrivée de cette première édition du Retour à La Base, mardi 12 décembre à 11h36, à l’issue de 11 jours 18 heures et 36 minutes de course.
L’enthousiasme était palpable dès son arrivée à Fort-de-France. « Si on doit repartir tout de suite, je repars » disait-il, sourire aux lèvres et ambition assumée. Certes, il venait de disputer la Transat Jacques Vabres, sa première transatlantique à bord de son IMOCA Groupe Dubreuil, mais la frustration était tenace. La faute à une avarie de grand-voile obligeant à prendre son mal en patience et à terminer au milieu du peloton (18e). Lui qui a lancé son projet en juillet dernier et monté une équipe en une poignée de semaines sait qu’il pouvait faire mieux. Et il avait à cœur de le démontrer. « J’ai besoin de me remettre dans le solitaire, un peu humblement mais avec mon esprit de compétition et l’envie de bien faire », disait-il avant de s’élancer.
« On est capable de faire de grandes choses »
Après les paroles, place aux actes donc. Et Sébastien Simon a effectivement répondu présent. Dès le départ de la course, il s’est inséré aux avant-postes de la course. De la remontée vers le Nord puis lors du long bord menant vers les Açores, le marin vendéen navigue dans le « top 5 » et progresse à des moyennes qui n’ont rien à envier aux cadors de la classe IMOCA. Mais une nouvelle fois, il ne va pas être épargné par les problèmes. A l'approche de l'archipel, alors qu’il avance dans un vent de 20 à 25 nœuds avec des vagues de 3 à 4 mètres, il est victime d’un violent choc à la tête. Le diagnostic tombe aussitôt, c'est une commotion. Suivi par le médecin de la course, le skipper poursuit néanmoins sa route.
Mais le lendemain, tout s'effondre, alors que plus rien ne s'allume à bord. « Plus d’ordinateur, plus de pilote, plus d’eau, plus d’énergie, plus de carto, plus de GPS », résume-t-il, avec la seule énergie du désespoir. Le marin doit se résoudre à faire escale sur l’île de Flores où il reçoit l’assistance de soutiens locaux en coordination avec son équipe pour réaliser une réparation express pendant le passage d'un violent front. Pas du genre à baisser les bras, il repart à l'assaut de son Retour à La Base vendredi. Au moment de reprendre le large, il positivait toujours : « On a montré avec ce bateau qu’on est capable de faire de grandes choses ».
Sa fin de course le montre encore, si ce n'est les dernières heures avant l'arrivée. A quelques milles de Lorient, le marin démâte dans des conditions toniques, avec un vent de 25 nœuds et une mer formée. Encore une fois combattif, il met rapidement en place un gréement de fortune, et c'est sous tourmentin que le skipper de 33 ans rejoint la ligne d'arrivée. Avec dans son sillage encore un peu de frustration, mais aussi beaucoup d'apprentissages. A un an du Vendée Globe, le rendez-vous est pris.
Sa première réaction au ponton
« Ma tête, je n'y pense plus trop, je pense à la suite surtout, ça me fait un peu oublier tout ce que j’ai vécu avant ! C’est sûr que ce trauma crânien, j’ai aucun souvenir tout simplement. J’ai été choqué quelques heures après, il y a eu beaucoup de sang, me recoudre moi-même, je n’aurais jamais imaginé faire ça, mais il y a l’instinct de survie. Je me suis recousu sans même y réfléchir. De Broc n'aurait pas fait mieux (rires !)
Au final, c’est toujours des bons débuts de course, ce que je veux maintenant c’est finir. Le bateau a du potentiel, moi je ne me sens pas tout à fait prêt mais je pense qu’il ne me manque pas grand-chose. Aujourd’hui, il n’y avait pas d’objectif de performance, en tous cas pour cette année. Mais je sens que c’est là quelque part ! J’ai déjà gagné la Solitaire du Figaro, j’ai déjà gagné le championnat de France de course au large, j’ai beaucoup travaillé pour ça, aujourd’hui je sens que ça peut revenir. C’est forcément un peu de déception, beaucoup d’efforts, j’espère que la suite sera prometteuse !
L’arrêt aux Açores a été bien chaud aussi, mais j'ai fait plein de belles rencontres. A la fin, je me suis battu pour monter un gréement de fortune et passer la ligne ! J’ai envie de bien faire ! On a beaucoup appris sur le bateau, on a une super équipe et des partenaires géniaux, il nous manque un peu de réussite… mais je me souviendrai de cette quinzième transat, en dix jours il s’en sera passé des choses ! »
Sa course en chiffres
Heure d’arrivée : 11 heures 36 minutes
Temps de course : 11 jours 18 heures 36 minutes
Écart au premier : 2 jours 18 heures 32 minutes
Milles parcourus : 4 504.10 milles
Vitesse moyenne sur le fond : 15.94 nds