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C’est « presque un scénario idéal », se réjouissait ce matin le Directeur de course du Retour à La Base, Hubert Lemonnier. Certes, la course est encore loin d’être terminée, mais à l’approche de la première porte placée sur le parcours, un certain « ouf » de soulagement se fait sentir parmi l’équipe de chiens de berger qui veille nuit et jour sur la flotte. 

La raison de cet apaisement ? « Pour l’instant, tous les indicateurs sont positifs pour que ça passe sans encombre (ou presque) pour l’ensemble de la flotte, que ce soit pour les premiers qui pourraient arriver dès la soirée du samedi 9 décembre, ou pour les derniers qui atteindront Lorient mardi ou mercredi », résumait mardi 5 décembre au matin le météorologue Christian Dumard, lors de son bulletin quotidien. 

Si l’évolution de la situation météo continue bien sûr à être observée de très près, il semble en effet que l’Atlantique Nord, qui d’ordinaire à cette saison peut s’avérer aussi casse-tête que casse-bateaux, se montre cette année assez clément envers les quelques marins venus le défier. Mieux que ça, Poséidon semble de particulièrement bonne composition, et « permet même un peu toutes les options », notait ainsi Christian Dumard ! 

Au sixième jour de course en solitaire, vous avez un petit coup de mou et l’envie de calmer le jeu ? Pas de problème, restez au Sud, le couloir au-dessus de l’anticyclone est large, et vous trouverez moins de vent et une mer tout à fait praticable, moins forte qu’initialement prévue. A l’inverse, après cette belle mise en jambes, vous en avez encore sous la pédale et souhaitez renvoyer un peu de charbon ? Un recalage au Nord, façon Yoann Richomme (Paprec Arkéa) ou plus encore, et vous voilà sur une route plus ventée, mais avec plus de mer à la clé. Et si vous n’êtes pas sûrs de votre appétit, on vous laisse composer votre propre menu, option « compromis » entre vitesse et sécurité !

Selon l’état des bateaux et les petits et gros bobos plus ou moins avoués – après une nuit au ralenti, Thomas Ruyant (For People) a ainsi annoncé ce matin des dégâts sur son système de safran et une déchirure de grand-voile –, l’on pourrait ainsi assister dans les prochaines heures à un certain nombre de clignotants vers le Nord, qui dessineront clairement les envies d’aller chercher « la gagne », et le podium final. Et ceux qui privilégieront la raison, tout en prenant le pari que la route est encore longue et que les intrépides ne sont pas toujours récompensés… Une histoire de fable de La Fontaine que l’on va toutefois éviter de nommer, pour cause de superstition marine à ne pas provoquer !

Car nous allons un peu vite en besogne pour parler de « l’ensemble de la flotte ». En Martinique, un irréductible marin résiste encore et toujours au départ, mais jusqu’à quand ? Si les bruits de ponton parlent d’un décollage le 6 décembre, avant-dernier jour d’ouverture de la ligne du Retour à La Base, on espère en tous cas que l’Atlantique Nord se montrera aussi accommodant pour le Roi Jean (Le Cam - Tout Commence En Finistère – Armor-Lux) !

Pour ceux qui ont séché les cours des Glénans

Sur toutes les vidéos, nos marins préférés n’ont que ce mot à la bouche pour décrire leurs conditions de navigation : « du portant », cette allure où les bateaux ont le vent dans le dos, avec trois initiales qui l’accompagnent : VMG. Alors, du « portant VMG », qu’est ce que c’est ? Attention, c’est en partie de l’anglais, pour « Velocity Made Good ». Si l’on traduit, le VMG c’est donc la « vitesse faite bonne », c’est-à-dire le meilleur compromis cap/vitesse. 

Le « portant VMG », c’est pour les marins cette allure magique que l’on retrouve dans les mers du Sud, et qui en fait donc un axe de travail très important pour le Vendée Globe. D’ailleurs, les bateaux qui visent la victoire sur le tour du monde sont construits autour de cette prérogative, car aux allures de portant VMG, les foils ne sont qu’un appui et c’est vraiment la carène du bateau, donc la forme de sa coque, qui fait la différence. 

Ce Retour à La Base sera donc scruté de près par les équipes de nos marins, mais aussi par les architectes ! Car entre la théorie et la pratique, il y a forcément un petit delta, surtout quand on doit mener sa monture en solitaire avec un peu de fatigue accumulée, dans un champ de bosses plus ou moins prononcées…